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Décryptage: 63 milliards d'euros d'avoirs russes gelés en Belgique depuis deux ans, à quoi ça sert?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a tout juste deux ans, l'Europe n'a pas cessé de venir en aide au pays attaqué par la Russie. Pour ce faire, de nombreux pays ont envoyé de l'argent, de l'armement, mais ont aussi mis en place des sanctions contre la Russie. Parmi elles, le gel des avoirs russes en Europe.

Ce jeudi, Alexander De Croo prenait la parole devant la Chambre des représentants : "Nous étudions comment affecter les gels des avoirs russes. Nous le faisons ensemble avec le G7. Mais soyons clairs : nous devons le faire sur une base légale. C’est ça, la différence entre un pays totalitaire et un pays comme le nôtre qui respecte l’Etat de droit. Ne faisons pas ce que la Russie ferait". 

Mais de quoi parle le Premier ministre exactement ? Deux ans après le début de la guerre en Ukraine et des sanctions, près de 63 milliards d'euros appartenant à des Russes sont gelés en Belgique. Cette somme, la Belgique voudrait aujourd'hui en faire profiter à l'Ukraine, c'est une demande pressante de Kiev. 

Grosso modo 255 milliards, sur un montant de 350 milliards d'euros dans le monde entier

Ces "avoirs russes" sont de natures différentes. "Chez nous, c'est quasi exclusivement de l'argent. Soit des titres financiers, donc des obligations, ou des actions", nous dit Alexandre de Geest, l'administrateur général de l’Administration de la Trésorerie du SPF Finances. Les sommes gelées chez nous sont plutôt faramineuses : "63 milliards d'euros d'avoirs gelés et 192 milliards d'euros de transaction arrêtés, ce qui fait grosso modo 255 milliards, sur un montant de 350 milliards d'euros dans le monde entier", calcule-t-il.

À qui appartient cet argent gelé ? "Ce sont toujours des personnes qui se trouvent sur la liste qui est établie par l'Union européenne. Ça peut être des personnes physiques ou des sociétés, donc des banques. Derrière les banques, vous avez bien évidemment des oligarques, indirectement, et d'autres personnes ou d'autres sociétés qui ne sont pas, elles, directement visées par les sanctions", précise Alexandre de Geest.

Plus d'un milliard d'euros récoltés

Par ailleurs, les actifs russes nous rapportent, "indirectement" précise l'administrateur général, de l'argent "par la taxation, notamment à l'impôt des sociétés".

Euroclear, dont le siège à Bruxelles, est l'une des sociétés qui gère les avoirs russes. Il s'agit d'une société internationale de dépôt et de versement d’actifs financiers.

Lieve Mostrey, PDG d'Euroclear et invitée de Martin Buxant sur Bel RTL début février, parlait justement de cet argent généré : "Ce qu'on gagne là-dessus est vraiment mis de côté. C'est vraiment séparé dans nos livres et dans notre reporting. On ne paie aucun dividende sur ces profits-là", expliquait-elle.

Ainsi, Euroclear a annoncé dans son bilan annuel avoir payé au Trésor belge, pour l'année 2023, 1.08 milliard d'euros sur les bénéfices liés aux actifs russes bloqués en Russie.

Heureusement, ces avoirs russes gelés en Belgique, rapportent et ne coûtent pas de trop. En Italie, par exemple, ceux-ci coûtent cher au contribuable. Certains oligarques y ont acheté des villas, de gigantesques yachts ou des voitures de luxe. Or, la loi italienne impose d'entretenir ces biens pour pouvoir les rendre en l'état un jour. Cela coûterait plusieurs centaines de milliers d'euros par mois. En Belgique, ce n'est pas un problème : "Il n'y a pas d'immobilier ni de yacht. Je pense qu'il y a des endroits où c'est plus sympathique de posséder de l'immobilier ou des yacht qu'en Belgique", sourit Alexandre de Geert. Il admet cependant qu'il y a certains "coûts de fonctionnement", afin de gérer les différents dossiers.

Des sanctions utiles contre la Russie ?

L'utilité de ces sanctions est pourtant contestée par certains. Pour autant, Alexandre de Geert n'émet aucun doute : "Ce sont évidemment des mesures qui sont utiles, quoi qu'il arrive. Il y a quand même énormément d'argent qui est, ou qui a été, bloqué. Les sanctions, ce ne sont pas uniquement les sanctions financières, c'est aussi des embargos sur des armes, sur des pièces, etc.. Donc c'est beaucoup plus complet que simplement geler un compte bancaire".  

D'autant plus que les bénéfices des avoirs russes, empochés par la Belgique, pourraient servir à reconstruire l'Ukraine. C'est en tout cas la volonté du gouvernement. Le Premier ministre a indiqué que des discussions à ce sujet étaient en cours avec le G7. Cependant, cette idée risque d'être compliquée à appliquer.

 

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