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« Ces systèmes restent bloqués au même endroit » : pourquoi y aura-t-il de plus en plus d’inondations en Belgique dans les prochaines années ?

Par RTL info avec Charlotte Simonart et Alexandre D’Haeseleer
Les alertes de l’IRM pour de fortes précipitations sont de plus en plus fréquentes. Et avec elles, un risque d’inondations dans certaines régions du pays. On se souvient notamment des terribles inondations de juillet 2021. Ces phénomènes extrêmes pourraient même se multiplier dans les prochaines années. Mais comment l’expliquer ? Pourquoi y aura-t-il de plus en plus d’inondations en Belgique ?

C’est le dérèglement climatique qui est à l’origine de précipitations plus intenses. Une atmosphère qui se réchauffe et qui est capable d’emmagasiner une quantité d’humidité plus importante, et un autre phénomène toujours à l’étude auprès des scientifiques : le blocage atmosphérique, où lorsqu’une dépression stagne plusieurs jours au même endroit… Le tout couplé au ruissellement des sols, cela aggrave le risque d’inondations.

Dans nos régions, le dérèglement est déjà bien visible. La température annuelle augmente, alors que le volume des précipitations reste stable. Mais d’ici 2050, ce qui change, c’est la façon dont ces pluies s’abattront sur notre pays. Moins fréquentes, mais de plus en plus intenses. Conséquence avant tout du réchauffement de l’atmosphère.

« Il y a une raison physique qui est toute simple et qu’on connaît depuis 1850 : l’air qui est chaud peut recueillir et retenir davantage de vapeur d’eau. Et donc une atmosphère qui est plus chaude, c’est un plus grand réservoir pour générer plus de précipitations », explique François Massonnet, climatologue et membre du FNRS à l’UCLouvain.

Le blocage atmosphérique : qu’est-ce que c’est ?

Autre thèse encore débattue dans le milieu scientifique pour expliquer l’intensité des pluies : le blocage atmosphérique. « C’est le fait que les systèmes dépressionnaires soient de plus en plus stationnaires, donc ils bougent de moins en moins. On parle de blocage atmosphérique. Et au lieu de déverser de la pluie sur une très longue distance, des milliers de kilomètres en quelques jours, ces systèmes restent bloqués au même endroit et déversent tout ce qu’ils ont sur le pays, la Belgique en l’occurrence », poursuit le climatologue.

Des quantités d’eau que le sol ne peut plus absorber, c’est ce ruissellement qui entraîne les inondations. « Les sols ont une certaine capacité d’infiltration. Si les pluies deviennent plus intenses, l’intensité de la pluie dépasse la capacité d’infiltration. Et donc ça provoque du ruissellement. Si on veut que les sols infiltrent toute l’eau, il faut leur donner un petit peu plus de temps. Et on peut le faire, par exemple dans les villes, en stockant dans des petites dépressions, des noues, des mares, des jardins de pluie qui permettent alors au sol d’infiltrer toute l’eau », développe Aurore Degré, hydrologue à Gembloux Agro-bio Tech.

Les scientifiques sont formels. L’Europe est l’une des régions du monde où le risque d’inondations augmentera le plus dans les prochaines années.

2024 est déjà une année record avec la tempête Boris qui a frappé l’Europe centrale, mais aussi les inondations de Valence en Espagne, responsables de centaines de morts, combinées à des périodes de sécheresse de plus en plus intenses. C’est le double visage du dérèglement climatique.

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