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En 35 ans, l’empreinte carbone des Belges a à peine diminué : que fait le secteur agricole, important acteur des émissions ? « On joue sur trois leviers »

Par RTL info avec Arnaud Toussaint, Margaux Glamocic et Belga
Selon le baromètre de la transition publié par le SPF Santé publique, notre pays devrait aller deux fois plus vite qu’actuellement : les émissions ont baissé de 31 % depuis 1990, mais le rythme d’1 % par an reste insuffisant. Par ailleurs, l’empreinte carbone des Belges reste globalement la même qu’il y a 35 ans.

L’empreinte carbone de la Belgique, concept qui mesure l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre générées par les biens et services consommés en Belgique, que ces émissions aient été émises ou non dans notre pays, a augmenté par rapport à son niveau de 1990. Si l’on tient compte de l’augmentation de la population belge, l’empreinte carbone par habitant dans notre pays se situait en 2023 plus ou moins au même niveau qu’une trentaine d’années auparavant, révèle le Baromètre de la transition publié par le Service changement climatique du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement.

C’est la première fois que l’outil intègre un chapitre sur l’empreinte carbone. Celle-ci est particulièrement ardue à calculer mais sur base de différentes études belges et internationales disponibles, on estime qu’elle se situerait probablement entre 10 et 15 tonnes de CO2 par habitant et par an.

La consommation des ménages

L’empreinte carbone par habitant de la Belgique a connu une période d’augmentation plus ou moins importante entre 1990 et 2008, suivie par une période de diminution depuis 2008. La plus grosse partie de l’empreinte carbone est attribuable à la consommation des ménages via la mobilité, l’achat de biens de consommation, le logement ou l’alimentation.

Le baromètre du Service changement climatique identifie une série de leviers pour réduire l’empreinte carbone des Belges. Il s’agit notamment de réduire la consommation de biens et services les plus émetteurs lorsque c’est possible, par exemple via l’augmentation de la durée de vie, la réparation, la réutilisation ou le partage de biens existants, etc.

Une autre piste est de réduire le contenu carbone des biens et services consommés, par exemple via l’utilisation de matériaux recyclés ou de matériaux biosourcés ou neutres en carbone.

Le rôle important joué par l’agriculture

En 2023, les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture représentaient 11 % du total des émissions de la Belgique. Depuis 1990, les émissions de ce secteur ont diminué d’environ 22 %, mais ces émissions ne diminuent plus depuis environ 10 ans. Les principales sources d’émissions dans ce secteur sont les suivantes :

  • L’élevage (54 % des émissions en 2023), en particulier des bovins et des porcins, qui génère principalement du méthane
  • La fertilisation des sols (23 % des émissions en 2023) : l’utilisation d’engrais minéraux et organiques
  • La consommation d’énergie (23 % des émissions en 2023) : la combustion de combustibles fossiles pour faire fonctionner les engins agricoles

Pour contribuer à l’objectif d’une Belgique climatiquement neutre à l’horizon 2050, les émissions du secteur agricole devraient, sur base des scénarios existant, être réduites à minima de 40 % au même horizon par rapport à 2023. Les scénarios les plus ambitieux envisagent même une réduction des émissions allant jusqu’à 80 %.

Je voulais voir si je devais faire évoluer mes pratiques

Principal acteur des émissions du secteur agricole : l’élevage bovin et porcin. Adrien Paquet, éleveur, participe à une étude pour mesurer les gaz à effet de serre émis par ses prairies : « Je voulais objectiver la relation entre l’élevage et les gaz à effet de serre. Et je voulais également voir si je devais faire évoluer mes pratiques dans un sens ou dans l‘autre »

Le projet « Blanc bleu vert » mené par l’association wallonne des éleveurs vise à réduire l’empreinte carbone de la production de viande bovine.

« On joue sur trois leviers principaux, explique Emilie Henrotte, chargée de projet. D’une part, les émissions de méthane, l’empreinte carbone de l’alimentation des bovins et la compétition entre les ressources disponibles pour l’alimentation humaine et l’alimentation animale. »

La couverture des sols

Aux Jardins de la Vecquée, on pratique une agriculture plus respectueuse du climat : engrais organiques, mais aussi couverture des sols pour capter le CO₂.

Jean-Baptiste Leclercq est maraîcher indépendant : « De l’avoine, du seigle, de la phacélie laissés sur le sol, cela va permettre qu’il soit riche en nutriments afin de faire pousser des légumes sains »

La vente locale permet aussi de limiter les déplacements. Tant d’efforts concrets, mais encore insuffisants pour atteindre la neutralité climatique en 2050.

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