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En Wallonie, il existe près d’un millier de coccinelles, et pas moins de sept espèces différentes. Parmi ces petits coléoptères à pois, difficile donc de s’y retrouver. Anaïs Sion, doctorante étudie leurs caractéristiques, mais aussi et surtout leur curieux langage, parfaitement indétectable avec nos sens humains.
« Il existe des coccinelles à 7 points, qui sont les plus communes chez nous. J’ai également une coccinelle à deux points, et une autre à 14 points, rouge avec des points blancs. En région wallonne, il y a en réalité beaucoup plus d’espèces que simplement la coccinelle rouge à points noirs », explique Anaïs Sion.
Communication par phéromones
Au sein du laboratoire d’écologie chimique et comportementale, Anaïs héberge une collection variée de coccinelles, témoignant de la biodiversité régionale. Pourtant, ces insectes de petite taille parviennent à échanger des messages complexes. Contrairement aux humains qui utilisent des mots, les coccinelles communiquent grâce à des molécules spécifiques présentes dans leur environnement. « Chez les coccinelles asiatiques, la femelle va émettre une phéromone sexuelle et le mâle va ensuite la capter au niveau de ses antennes », décrit Anaïs. Les phéromones agissent donc comme des sortes de messages olfactifs.
Pour mieux décrypter ces messages, la chercheuse utilise une méthode pointilleuse d’aspiration. « Je vais insérer une de mes coccinelles ainsi qu’une cartouche de prélèvement qui agit comme une sorte de filtre chargé de capturer l’ensemble des composés qui vont être émis par la coccinelle », détaille-t-elle.
Un pic, un mot
Ces composés sont ensuite analysés dans un laboratoire spécialisé grâce à une machine qui décompose les phéromones et les traduit en graphes. Chacun des pics du graphe représente un mot, contribuant à former une phrase que les coccinelles utilisent pour transmettre un message. « Par exemple, cette femelle veut mentionner à un individu du sexe opposé qu’elle est capable de se reproduire », illustre Anaïs.
Protéger la biodiversité
Parmi les espèces étudiées, la coccinelle asiatique est au centre des recherches. Espèce invasive, elle constitue une menace pour la biodiversité locale ainsi que pour l’agriculture. En comprenant son langage olfactif, Anaïs travaille sur des solutions potentielles pour contrôler sa population. « On pourrait produire synthétiquement ces composés, les mettre dans un mélange et s’en servir afin d’attirer les mâles dans la nature et ainsi les capturer, ce qui diminuerait drastiquement leur population », propose la chercheuse.
Toutefois, cela reste un défi complexe, car il est impératif de ne pas capturer d’autres espèces de coccinelles non invasives dans le processus. Raison pour laquelle la doctorante doit poursuivre ses recherches afin d’identifier tous les modes de communication de ces petites bestioles.
















