Accueil Actu Environnement

Les manifestations « plus chaud que le climat » déjà enterrées : pourquoi l’Europe tourne le dos à l’écologie ?

Par Christophe Giltay
Sous la pression de l’Allemagne et de l’Italie, la Commission européenne a reculé hier sur la suppression des voitures thermique dès 2035. Une des mesures les plus emblématiques du green deal, le pacte vert. L’assouplissement de l’objectif zéro émission pour les automobiles est révélateur des attaques de plus en plus fréquentes contre les lois vertes qui pourtant datent à peine de quelques années.

Cet hiver ne portez pas de vert, ce n’est plus à la mode et la mode, ça change vite. Ainsi, le green deal européen, en français pacte vert, ne date que de 2019, il y a 6 ans. Souvenez-vous, une adolescente suédoise, Greta Thunberg, venait de lancer fin 2018 une grève scolaire contre l’inaction de son gouvernement face au réchauffement climatique. Les jeunes de toute l’Europe lui emboîtaient le pas. À Bruxelles, ils défilaient au cri de « On est chaud, plus chaud que le climat »

À l’époque, on parlait encore beaucoup de l’accord de Paris de 2015, à la COP 21, et la Commission européenne a décidé de frapper un grand coup en décembre 2019 en lançant le pacte vert. Il visait à réduire les émissions d’au moins 50 % d’ici 2030, tout en rendant juridiquement contraignant l’objectif de neutralité totale à l’horizon 2050.

Et puis le vent a tourné. Il y a eu d’abord l’épidémie du COVID, puis la guerre en Ukraine, la réélection du climatosceptique Donald Trump, et les élections européennes de 2024 qui ont marqué un net recul des verts et une poussée de la droite et de l’extrême droite.

Enfin il y a eu l’invasion du marché des véhicules électriques par les modèles chinois, que nos constructeurs n’ont pas vu arriver. Résultat, pour bien des Européens, le rêve vert est devenu cauchemar. Avec le retour de l’inflation et des politiques d’austérité, les citoyens se sont retrouvés devant un dilemme : comment acheter des voitures électriques européennes hors de prix, alors qu’on a du mal à remplir le caddie ?

Pas de marche arrière uniquement sur les voitures thermiques

Dès le début, les Allemands, contrairement aux Français, étaient réticents face au tout électrique, et hier ils ont obtenu gain de cause. Désormais, les constructeurs pourront émettre jusqu’à 10 % de ce qu’ils émettaient en 2021. Hybrides, rechargeables ou non, biocarburants et carburants synthétiques ou encore prolongateurs d’autonomie seront ainsi autorisés.

Certes, l’Europe a mis des conditions. Les 10 % d’émissions devront être compensées par des biocarburants ou des carburants synthétiques, ainsi que de l’acier vert européen pour produire les voitures. Mais les contrôles seront complexes et le green deal, s’il n’est pas tout à fait mort, deviendra une usine à gaz.

D’autant que d’autres règlements inspirés de l’écologie sont également détricotés. Ainsi, le mécanisme de réévaluation des pesticides dans l’Union européenne a été simplifié à la demande du commissaire Hongrois, proche d’Orban. En clair certains pesticides qui devaient disparaître bénéficieront d’un moratoire.

Aujourd’hui, alors qu’à nos portes résonne le cliquetis des armes, la priorité ce n’est plus la défense de l’environnement, mais à la défense tout court.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus

Votez pour qui vous voulez mais « surtout pas pour ce parti », clame le patron de la FGTB : « Ce n’est pas une question gauche-droite »

Le président de la FGTB, Thierry Bodson, était l’invité du bel RTL Matin ce mercredi. Interrogé par Martin Buxant, il a rappelé que toute action syndicale est fondamentalement politique, tout en martelant que la FGTB n’est affiliée à aucun parti. Il a cependant vivement critiqué le MR, qu’il accuse de laisser entrer des idées d’extrême droite en son sein.