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La mort d'une randonneuse replace la chasse au cœur de la campagne électorale

La mort d'une randonneuse de 25 ans, samedi lors d'une battue aux sangliers dans le Cantal, a replacé le débat sur la chasse au cœur de la campagne électorale pour la présidentielle, plusieurs personnalités politiques réclamant son interdiction le week-end.

La jeune femme est décédée samedi après-midi tandis qu'elle se promenait sur un chemin balisé avec son compagnon dans une commune proche d'Aurillac, mortellement blessée par une balle perdue lors d'une battue aux sangliers.

Le procureur de la République à Aurillac, Paolo Giambisi, a indiqué à l'AFP que l'auteure du coup de feu, une adolescente de 17 ans, a été placée dimanche matin en garde à vue pour homicide involontaire. Cette mesure a été prolongée dimanche soir, selon la même source.

Testée négative aux stupéfiants et à l'alcool, elle avait été hospitalisée samedi en état de choc.

"Il y a la question de l'expérience", a déclaré à l'AFP la secrétaire d’État chargée de la biodiversité, Bérangère Abba, précisant que la chasseuse avait obtenu son permis à 16 ans.

"S'il s'avère qu'on a encore des choses à renforcer, on le fera", a-t-elle ajouté, rappelant avoir annoncé "la création d'une appli de géolocalisation dans laquelle on pourrait savoir autour de soi où ont lieu les battues".

Le drame a une nouvelle fois relancé la vieille querelle française entre les pro et les antichasse.

"Il nous faut plus réglementer cette activité, il y a urgence !", avait réclamé dès samedi le candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot.

- "dispositifs de sécurité" -

"Encore combien de morts avant qu'on ne décide de réguler la chasse, pratique dangereuse et inhumaine ? Au minimum, interdisons la chasse le week-end et les vacances scolaires, maintenant !", a renchéri David Belliard, adjoint EELV de la maire de Paris et candidate socialiste à la présidentielle, Anne Hidalgo.

"Il faut que la chasse ne soit pas possible le week-end et pendant les vacances scolaires, parce que c'est là que le risque serait le plus grand", a estimé le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon sur France3. "Deuxièmement, il faut cesser de vendre des armes qui sont aussi puissantes".

"Je considère que la chasse est une tradition ancestrale et qu'elle doit être maintenue", a plaidé Marine Le Pen, du Rassemblement national, sur France Inter. "Si vous empêchez les chasseurs de chasser le week-end, ils ne pourront pas chasser parce qu'il travaillent quand même les chasseurs. Donc il faut réussir à trouver le moyen pour que les promeneurs et les chasseurs puissent en toute sécurité profiter de notre domaine extraordinaire", a-t-elle jugé.

Évoquant sa "tristesse", le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), Willy Schraen, a indiqué que "toutes les fédérations de chasseurs" sont en train d'être contactées "pour qu'il soit rappelé l'ensemble des règles de sécurité" et qu'une réunion sera demandée "dès le début de la semaine prochaine de l'ensemble des fédérations de nature pour rappeler les dispositifs de sécurité".

"Je compte sur chacun d'entre vous pour redoubler de prudence. Ne pas tirer dans une situation où le moindre doute ou le moindre risque persistent doit être l'unique conduite à tenir lors d'une action de chasse", a souligné le président sur sa page Facebook.

De sources proches du dossier, on précise que les règles de signalisation de la battue n'auraient pas été respectées.

"Nous devrons vérifier si la battue était correctement signalée et balisée", a reconnu Mme Abba. Selon la loi, tout organisateur de battues doit apposer des panneaux de signalisation temporaire alertant les passants.

La chasse s'invite régulièrement dans le débat politique en France, pays européen comptant le plus de chasseurs.

La France est aussi le seul pays européen permettant de pratiquer tous les jours pendant la saison, alors que le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas ou le Portugal ont instauré un ou plusieurs jours sans chasse.

Une pétition réclamant l'interdiction de la chasse le mercredi et le dimanche avait recueilli plus de 120.000 signatures l'automne dernier et poussé le Sénat à créer une commission sur la sécurité.

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