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"Il faut gagner le respect et la confiance": à quoi sert réellement la baguette du chef d'orchestre?

Le chef d'orchestre est un véritable guide, un leader musical dont le rôle complexe et exigeant va bien au-delà de la maîtrise du tempo. Son outil professionnel: la baguette. Mais à quoi sert-elle réellement ?

Sur la scène de l’Opéra de Liège, une trentaine de musiciens, accompagnés de solistes, se mettent en place pour interpréter un extrait d’un opéra de Verdi. Dans la salle, pas de public, mais un jury chargé d’observer les gestes d’un homme. Luis Castillo est l’un des 20 concurrents du concours international de chef d’orchestre.

Son rôle est essentiel, le chef d’orchestre doit garantir une interprétation harmonieuse de la musique, assurer la synchronisation des musiciens qu’il mène à la baguette. 

"La baguette, c'est souvent parce qu'il y a des gens qui sont très loin, c'est blanc et normalement, on est noir, alors c'est plus facile de nous voir. Mais c'est aussi le visage, ce sont les yeux, c'est la bouche. Les violoncelles, c'est ici, mais la trompette, c'est là, alors c'est difficile pour eux de s'écouter", développe-t-il en montrant à sa gauche et à sa droite. "Et moi, je viens, je fais la connexion", explique Luis Castillo, originaire du Costa Rica, candidat chef d’orchestre, mais aussi pianiste et flûtiste.

Une baguette pour battre la mesure, l’autre main donne le ton et l’expression de la musique, suivant la rapidité et la rigidité du mouvement.

Des années de formation

Le métier exige plusieurs années de formation, entre deux et 4 ans au conservatoire. Bien sûr, le chef d'orchestre ne doit pas connaître tous les instruments de l’orchestre, mais c’est un musicien hors pair qui connaît sur le bout des doigts les œuvres musicales et doit avoir l’âme d’un leader.

"Il ne faut pas être un dictateur, mais il faut être un leader. Ça peut être très cruel pour ça, parce que si les musiciens ne se sentent pas emmenés, s'ils ne sentent pas la direction qu'on leur donne, alors ils nous fichent dehors tout de suite", prévient Nicolas Krüger, chef d’orchestre et professeur au conservatoire de Mons.

Il faut gagner leur respect et leur confiance

Les femmes sont rares dans le métier, mais les mentalités évoluent. Elles étaient 5 % il y a 10 ans, elles seraient 4 fois plus nombreuses aujourd’hui, pour Elena Lorda, pianiste à l’origine, c’est surtout une révélation.

"C'est passionnant. C'est une responsabilité et un privilège en même temps. Il y a tellement de gens qui comptent sur toi, qui te regardent, qui attendent que tu les inspires. Comme Nicolas vient de dire, on est des leaders, mais on n'est pas des dictateurs. Donc il faut gagner leur respect et leur confiance", explique Elena Lorda, élève en deuxième année de direction d’orchestre.

Le temps des chefs tyranniques semble révolu, mais le caractère et la personnalité de celui qui dirige l’orchestre du haut de son estrade, influence l’œuvre musicale. À 28 ans, Luis Castillo n’a pas gagné le concours, mais il a remporté la considération de tout un orchestre, qu’il dirigera peut-être un jour.

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