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« Le jour où on saura, ça fera perdre la magie » : Banksy fascine autant qu’il intrigue, comment est-il parvenu à devenir mondialement connu… en restant anonyme ?

Par RTL info avec Emmanuel Dupond et Regjep Ahmetaj
Célèbre dans le monde entier mais toujours inconnu du grand public, Banksy interroge. Derrière ses œuvres percutantes et son anonymat soigneusement entretenu, se cache un artiste devenu emblème du street art et phénomène du marché de l’art contemporain.

Banksy est sans conteste l’un des artistes les plus célèbres de notre époque… sans que personne ne sache véritablement qui il est. Originaire de Bristol, au Royaume-Uni, ce maître du pochoir a bâti sa réputation sur ses fresques engagées, disséminées dans les rues de Londres, Paris, ou plus récemment dans les ruines de la guerre en Ukraine.

Pour Baptiste Fiore, galeriste et producteur d’art urbain, le mystère fait partie intégrante de l’œuvre : « Le jour où on saura qui est Banksy, ça fera perdre de sa magie au concept et à tout le travail qu’il a fait. »

Un coup de maître

L’un des moments les plus marquants de la carrière de Banksy reste la vente aux enchères de 2018. Son tableau La fille au ballon rouge est adjugé pour plus d’un million d’euros… avant de s’autodétruire partiellement sous les yeux médusés du public.

Une performance volontaire, orchestrée par l’artiste lui-même : un broyeur dissimulé dans le cadre s’active à la fin de la vente. « Moi j’aurais vraiment aimé qu’elle soit détruite complètement », commente Baptiste Fiore. « Je pense qu’il y a une volonté de dénoncer la spéculation autour de l’art. Si l’œuvre était tombée au sol, en lambeaux, le geste aurait été plus fort. »

Ironie du sort, cette toile à moitié détruite a vu sa valeur exploser. Elle vaut aujourd’hui cinq fois plus. « Peut-être que Banksy a raté un peu son coup », note le galeriste.

Un art militant

Banksy n’est pas seulement un artiste ; il est aussi un observateur critique de notre époque. Le 8 septembre dernier, une nouvelle œuvre apparaît sur la façade de la Royal Courts of Justice à Londres : un juge frappant un manifestant, en écho aux arrestations lors d’un rassemblement pro-palestinien. L’œuvre est rapidement effacée, mais le message est passé.

En 5-10 minutes, c’est terminé

Pour ses créations, Banksy utilise la technique du pochoir : « On est vraiment sur un travail en atelier de découpe dans une grande feuille de papier. Ensuite, il vient poser sur le mur et bombe directement. Un mur de Banksy, à mon avis, entre 5 et 10 minutes, c’est terminé. C’est la solution pour ne pas se faire attraper ou se faire voir par qui que ce soit, » explique Baptiste Fiore.

Subversives, souvent provocantes, ses œuvres sont aussi des objets de convoitise. Ainsi, La jeune fille triste, réalisée sur une porte du Bataclan après les attentats de 2015, a été volée en 2019 avant d’être retrouvée dix mois plus tard en Italie.

Le marché de l’art s’enflamme

Les créations de Banksy s’arrachent à prix d’or. Pieter Pareit, galeriste belge, se souvient de l’achat de sa première sérigraphie signée pour seulement 100 euros. Aujourd’hui, cette même œuvre vaut jusqu’à 60.000 euros. « Ça a toujours été mon rêve d’avoir une œuvre de Banksy, » confie-t-il.

Pour encadrer la circulation de ses œuvres et éviter les contrefaçons, Banksy a mis en place Pest Control. Ce site délivre les certificats d’authenticité nécessaires à toute vente.

Banksy est-il Robin Gunningham, graffeur britannique ? Ou Robert Del Naja, membre du groupe Massive Attack ? Peut-être même un collectif ? Les théories abondent, mais pour Pieter Pareit comme pour Baptiste Fiore, peu importe : « Ce qui me plaît chez lui, c’est son anonymat et sa manière de dénoncer certains faits politiques et sociétaux. »

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