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Le 25 octobre 1555, Charles Quint abdique à Bruxelles, à seulement 55 ans. « Il avait l’air d’un vieillard », note l’historien Noé Vagner-Clévenot, rappelant l’épuisement d’un monarque qui avait passé sa vie à régner sur un empire immense. Né à Gand en 1500, « le petit Charles » appartient aux Habsbourg de Bourgogne par son père, Philippe le Beau, et à la couronne d’Espagne par sa mère, Jeanne de Castille, dite « la Folle ». Éduqué en français, « la langue officielle de la cour de Bourgogne », précise Vagner-Clévenot, il maîtrisait aussi le latin, l’espagnol, l’italien et l’allemand.
Héritier de quatre dynasties
« Ce qui est extraordinaire avec Charles Quint, c’est qu’il est l’héritier de quatre dynasties en même temps », explique l’historien. Duc de Bourgogne à six ans, il hérite ensuite de l’archiduché d’Autriche et se fait élire empereur du Saint-Empire en 1519. Par sa mère, il devient roi d’Espagne et souverain des territoires du Nouveau Monde. De Bruxelles au Mexique, son empire semble sans limites, si vaste que « le soleil ne s’y couchait jamais ». Installé notamment au palais de Coudenberg, à Bruxelles, il règne souvent de loin, relayé par ses régentes Marguerite puis Marie d’Autriche.


« Un aveu d’échec »
Lorsque Charles Quint abdique, ses grandes ambitions ont échoué. « Il voulait restaurer l’empire de Charlemagne et instaurer une monarchie universelle », souligne Noé Vagner-Clévenot. Mais les guerres incessantes contre la France et la fracture religieuse provoquée par la Réforme de Luther ruinent ce rêve. En 1555, la paix d’Augsbourg actera la fin de l’unité religieuse au sein du Saint-Empire. « C’est un aveu d’échec », constate l’historien. Épuisé, malade, affecté par la mort de sa mère, Charles estime enfin pouvoir transmettre le pouvoir à son frère Ferdinand et à son fils Philippe II.
Une abdication sans précédent
Sous le régime du droit divin, « un roi ne cesse d’être roi qu’à sa mort », rappelle Noé Vagner-Clévenot. L’abdication de Charles Quint est donc un geste « assez moderne ». Retiré en Espagne, au monastère de Yuste, il mène « une retraite spirituelle » jusqu’à sa mort, en 1558, soit moins de trois ans après son abdication. « Il conserve un œil sur les affaires », précise l’historien, tout en préparant la relève. Si ses successeurs diviseront son empire, son geste demeure « un événement exceptionnel qui a profondément choqué les contemporains ».



















