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Le stéthoscope connecté est arrivé: le BeamO de Withings tient-il toutes ses promesses ?

Ce petit objet mesure température, rythme cardiaque, oxygène sanguin et peut même enregistrer (pas analyser, hélas) les sons de votre cœur et de vos poumons. Une nouveauté qui permet notamment de partager ces données avec votre médecin, bien que les procédures de téléconsultation restent encore à définir en Belgique. 

L'entreprise française Withings fait depuis longtemps figure de pionnier dans la santé connectée. Si elle a commencé par les pèse-personnes, Withings, actif à l'international avec de nombreux clients aux Etats-Unis, a rapidement élargi sa gamme d'appareils de mesures "personnelles" de la santé: tensiomètre, sous-matelas d'analyse du sommeil, thermomètre et bien entendu, ses célèbres Scanwatch, montres 'santé' qui ont la particularité... d'être avant tout de beaux objets.

Les "bruits" des poumons et du coeur

Très ambitieux, Withings annonce parfois un peu trop vite ses futurs produits. L'analyseur d'urine U-Scan a été annoncé en janvier 2023, et n'est toujours pas disponible. Heureusement, son nouvel appareil BeamO vient sortir, un peu plus d'un après sa présentation. Difficile à nommer, le BeamO est un appareil petit et léger (13 cm, 80 gr) permettant de mesurer et analyser plusieurs données physiologiques importantes: la température corporelle, le rythme cardiaque et sa régularité (ECG), le taux d'oxygène dans le sang et - c'est inédit - les "bruits" des poumons et du coeur, ce qui permet de le qualifier également de stéthoscope. C'est une grande nouveauté car les autres fonctions se retrouvaient déjà éparpillées, tant au sein de la gamme Withings que de celle de la concurrence (Samsung, Apple, Huawei, OnePlus, etc). 

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La fonction ECG et SPO2 (© RTL info)

L'appareil n'a pas besoin de l'application Withings pour fonctionner : un petit écran et 5 boutons permettent à l'utilisateur de naviguer dans le menu très simplifié des mesures souhaitées: 

  • Prise de la température corporelle sans contact (on passe le capteur du centre du front vers la tempe, durant au moins 3 secondes)
  • Mesure du taux d'oxygène dans le sang et du rythme cardiaque (ainsi que sa régularité, pour mesurer le risque de fibrillation auriculaire), en posant les index légèrement - l'écran vous guidera - sur deux capteurs (voir photo ci-dessus). 
  • Écoute des "bruits" du coeur et des poumons, à l'aide de la fonction stéthoscope. Il faut placer durant 15 secondes la partie "micro" sur différentes zones de la poitrine ou du dos (pour cette dernière, il faudra l'aide d'un tiers pour que ça soit fait correctement). 

Cependant, c'est au sein de l'application Withings que vous pourrez consulter les résultats de ces mesures, constater des évolutions et lire les analyses de Withings, qui vous fournit un petit bilan santé. Enfin, presque toutes les analyses...

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© RTL info

Des limites inattendues

Effectivement, Withings n'est pas parvenu à convertir les mesures du stéthoscope (un micro qui écoute votre coeur et vos poumons) en analyse santé. En clair: avec une paire d'écouteurs branchés en USB-C, vous pouvez écouter vous-mêmes ce qu'il se passe dans ces organes (la belle affaire: un quidam n'en tirera aucune conclusion) ; Withings n'analyse donc pas ces "bruits" au sein de l'application, mais permet de les partager avec un médecin a posteriori - ça peut être en direct via la technologie Health Link mais la téléconsultation médicale n'est pas réellement organisée en Belgique. Un choix qui m'a surpris, car jusqu'à présent, la force de Withings résidait dans cette "autosurveillance": les différents appareils prennent différentes mesures, et vous avez un premier feedback via l'application. Elle vous dira de bouger plus, d'aller vous coucher plus tôt. Elle comparera vos constantes par rapport aux moyennes, et en cas de doute, vous dire d'aller consulter un médecin (tension, coeur, poids, etc). Ce n'est donc pas le cas avec le stéthoscope. 

"Le fait de proposer les sons respiratoires et cardiaques isolés du reste des bruits du corps est en soi une énorme avancée technologique et via l'IA qui a permis de les distinguer du reste des sons recueillis", m'a expliqué Withings. "Les sons respiratoires et cardiaques sont très riches et complexes et peuvent amener un nombre très important de diagnostics différents de la simple bronchite à l'hypertension artérielle pulmonaire. C'est pour cette raison que nous avons souhaité, avant tout, partager ce son directement avec un médecin". La démarche est donc différente des autres appareils de Withings: "Notre apport sur BeamO est dans cette capacité d'isoler et transmettre ces sons purs, directement à un médecin, sans avoir à se déplacer. C'est là que se situe l'innovation." Un pas de plus vers le grand projet de la santé connectée: favoriser la télémédecine, limiter les consultations, faire baisser l'énorme facture de la sécurité sociale et des soins de santé de première ligne. 

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© RTL info

Fiable, ces mesures ? 

Mes confères de Les Numériques ont comparé les résultats du BeamO avec ceux des professionnels de la santé, voici leurs conclusions :

  • Température : Les résultats du BeamO peuvent être similaires à un thermomètre professionnel ponctuellement, mais des écarts allant jusqu'à 0,8°C ont été observés lors de relevés répétés. L'imprécision peut être liée à la manipulation de l'appareil.
  • Saturation en oxygène (SpO2) : Les résultats de saturation sont jugés "excellents et identiques" ou avec une très faible marge d'erreur (2 points) par rapport aux oxymètres professionnels. Cependant, la mesure de la fréquence cardiaque associée peut différer significativement. Là encore, la bonne manipulation de l'appareil (pression adéquate du doigt) est cruciale.
  • Électrocardiogramme (ECG) : Le BeamO ne réalise qu'un ECG à une seule dérivation, contrairement aux 12 nécessaires pour un diagnostic complet. Il est donc très limité et ne peut détecter qu'un trouble du rythme cardiaque (comme une fibrillation auriculaire), pas un infarctus par exemple. Bien que la mesure semble correcte dans sa limitation, elle n'égale pas un ECG professionnel.
  • Stéthoscope : Il souffre d'une mauvaise qualité sonore due à l'hypersensibilité des capteurs et aux bruits parasites. Cela rend l'écoute et l'interprétation des sons cardiaques et pulmonaires difficiles à distance pour un médecin, limitant son utilité par rapport à un véritable examen clinique avec un stéthoscope traditionnel.
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La prise de température (© RTL info)

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