Partager:
Au laboratoire de biologie marine de Mons, tout un petit monde de couleurs et de formes : poissons, étoiles, concombres de mer. Mais un animal sort quelque peu de l’ordinaire : un petit être à 5 bras nommé ophiure. Ces animaux sont des invertébrés de la même famille que les étoiles de mer et dont le superpouvoir se révèle dans l’obscurité.

En effet, l’ophiure est capable de produire sa propre lumière, ce que l’on appelle la bioluminescence. Un phénomène chimique que partagent les lucioles, certains champignons, d’autres organismes marins et qui peut servir plusieurs fonctions comme attirer un partenaire ou une proie ou bien repousser un prédateur, c’est le cas pour la petite ophiure.
« Par exemple, si un scientifique vient pincer un bras de cette ophiure, le bras qui est pincé va émettre de la lumière. Mais cette ophiure a aussi un autre superpouvoir, elle est capable d’automiser son bras, c’est-à-dire de couper son bras à la manière d’une queue de lézard. Quand vous mettez finalement les deux phénomènes ensemble, vous avez le bras qui se détache et qui émet de la lumière. L’hypothèse admise est que le prédateur est perturbé, distrait par le bras et va en oublier le reste de l’animal », détaille Jérôme Delroisse, zoologiste à l’UMons.
Si Jérôme et sa collègue Wendy s’intéressent à cette cousine de l’étoile de mer, c’est que ses propriétés lumineuses restent encore très mystérieuses. « Très clairement, l’intérêt de cet animal, c’est que bien que sa bioluminescence soit très connue, le système moléculaire impliqué est totalement inconnu ».
Pour investiguer cet énigme, il faut se rapprocher encore un peu plus : dans un microscope, un bras de l’animal grossit plus de 500 fois, révèle la présence d’une multitude de piquants. « En étudiant ces piquants, on peut comprendre comment sont organisées les cellules lumineuses à l’intérieur du piquant et finalement, quelles sont les informations de l’environnement qui sont intégrées par l’ophiure pour savoir quand elle doit émettre de la lumière ».
C’est dans ces cellules lumineuses que se déroule la réaction chimique à l’origine de la bioluminescence. C’est là aussi que se concentre la recherche, car si cette réaction chimique est bien connue, la variété de ses composants, elle, reste un vaste champ d’exploration. « Il existe plusieurs milliers d’espèces lumineuses et vraisemblablement, énormément de systèmes lumineux à découvrir, de fonctions écologiques à découvrir. C’est évidemment important d’avoir une approche un peu comparative afin d’étudier un maximum d’organismes lumineux, de comprendre comment l’évolution a mené à tous ces systèmes qui sont parfois biochimiquement très différents, d’émissions de lumière, ce qui implique aussi évidemment de se poser des questions sur la protection de ces organismes si particuliers, qui parfois peuvent disparaître avant même qu’on les étudie », note le zoologiste.

















