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Il y a 20 ans, Isabelle Dinoire recevait la première greffe du visage : le chirurgien belge revient sur son opération historique

Par RTL info
Une nuit de novembre 2005, au CHU d’Amiens, une femme de 38 ans défigurée par son chien retrouvait un visage. Vingt ans plus tard, cette première greffe partielle de la face, celle d’Isabelle Dinoire, apparaît comme le point de départ d’une révolution de la transplantation et de l’anatomie.

Le 27 novembre 2005, les chirurgiens d’Amiens greffent à Isabelle Dinoire le nez, les lèvres et le menton d’une donneuse en mort cérébrale. L’intervention dure quinze heures. Elle reconstruit peau, muqueuses, os, cartilages, muscles, vaisseaux et nerfs. Après rééducation et traitement anti-rejet, la patiente peut manger, parler et sourire. L’exploit suscite certains débats éthiques.

Derrière l’exploit, un anatomiste belge

Benoît Lengelé, chirurgien et anatomiste belge, est au cœur de cette prouesse. Formé à Amiens, il puise dans la tradition anatomique louvaniste, de André Vésale à aujourd’hui. « Je m’inscris dans la continuité dont j’ai hérité. J’ai moi aussi essayé de contribuer au progrès de l’anatomie et au progrès de la chirurgie », dit-il.

Il conçoit, dessine et programme l’opération, la répétant sur des corps donnés à la science. « Notre mission aussi, comme anatomiste, c’est de récolter des corps offerts à la science et de les mettre à la disposition de la communauté médicale », rappelle-t-il.

« Une aventure qui relevait de l’impossible »

Benoît Lengelé reste marqué par cette opération hors normes. « Nous nous étions lancés dans une aventure qui relevait de l’impossible, qui était transgressive », confie-t-il. Son retentissement médiatique était aussi inhabituel : « La greffe de visage a été annoncée à la presse il y a exactement 20 ans aujourd’hui. Ce n’est pas sans émotion que je me souviens de cet événement. »

L’intervention fut avant tout une aventure collective : « C’est une histoire qui nous a réunis, l’équipe d’Amiens où j’avais été interne, et moi‑même, pour imaginer quelque chose qui n’avait jamais été fait », raconte-t-il, détaillant comment, de la première dissection préparatoire réalisée un 14 juillet à Bruxelles jusqu’au bloc opératoire d’Amiens, l’équipe était « parfaitement préparée ».

De 50 greffes au monde à l’espoir des greffons « bio compatibles »

En vingt ans, une cinquantaine de greffes de visage ont été réalisées mondialement. « C’est une technologie de très haute précision, mais aussi d’exception », note Benoît Lengelé. Les greffes passent de partielles à totales, avec squelette et même un œil vivant, mais non voyant encore.

L’avenir de cette discipline, pour lui, passe par des greffons entièrement « bio ou allo compatibles » : tissus décellularisés, repeuplés de cellules du receveur, pour éviter le rejet chronique. « Ce sera faisable à un moment ou à un autre », conclut-il.

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