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Cha 1107-7626 est ce qu’on appelle une planète errante : elle flotte librement dans l’espace, sans orbiter autour d’une étoile. Elle se trouve dans la région de Chameleon I, un berceau de nouvelles étoiles. Depuis sa découverte en 2008, elle attire l’attention des astronomes. Mais ce qui fascine aujourd’hui, c’est son appétit colossal. D’après une étude parue dans The Astrophysical Journal Letters, cette planète grandit en absorbant du gaz et de la poussière environnants… à une vitesse vertigineuse de six milliards de tonnes par seconde.
Ce phénomène est lié à ce qu’on appelle l’accrétion : un processus par lequel la matière se rassemble sous l’effet de la gravité. C’est le mécanisme qui mène à la formation des planètes, des étoiles et même des trous noirs. Mais ici, Cha 1107-7626 semble dépasser les limites habituelles d’une planète. « Les gens peuvent imaginer les planètes comme des mondes calmes et stables, mais avec cette découverte, nous voyons que les objets de masse planétaire flottant librement dans l’espace peuvent être des lieux fascinants », explique Víctor Almendros-Abad, auteur principal de l’étude et chercheur à l’Institut national d’astrophysique en Italie.
Trop légère pour être une étoile
Malgré sa croissance spectaculaire, Cha 1107-7626 reste une planète selon les critères astronomiques. Sa masse est estimée entre cinq et dix fois celle de Jupiter, la plus grosse planète de notre système solaire. C’est bien en dessous du seuil des plus petites étoiles, qui pèsent au moins 80 fois la masse jovienne.
Elle se situe donc dans une zone grise, entre planète géante et naine brune – des étoiles « ratées » qui ne sont jamais parvenues à s’allumer.
Encore plus intrigant : sa croissance n’est pas continue. Elle alterne entre des phases intenses de consommation de matière et des périodes de calme. Un comportement que les scientifiques observent parfois chez de jeunes étoiles, mais qu’ils ne s’attendaient pas à retrouver ici. « Nous sommes encore très loin de pouvoir prétendre que nous comprenons l’univers », conclut Víctor Almendros-Abad.



















