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Après Moscou, Pékin: suspecté d'être un agent chinois, l'assistant d'un eurodéputé d'extrême droite a été arrêté

La justice allemande a annoncé mardi l'arrestation d'un agent chinois présumé au coeur du Parlement de l'Union européenne, nourrissant les craintes d'interférences de Pékin visant à "miner les démocraties" avant les élections de juin.

L'annonce intervient au lendemain de l'arrestation par les autorités allemandes de trois ressortissants, également accusés d'espionner pour le compte de la Chine, et de l'inculpation de deux hommes à Londres pour des suspicions similaires.

Le dernier suspect en date, identifié par les autorités comme Jian G., est accusé d'avoir espionné des opposants chinois en Allemagne et d'avoir partagé des informations sur le Parlement européen avec un service de renseignement chinois, indique le parquet fédéral allemand dans un communiqué. 

Sur le site internet du Parlement européen, Jian Guo, de nationalité allemande, fait partie des assistants accrédités de l'eurodéputé Maximilian Krah, tête de liste de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) aux prochaines élections européennes du 9 juin, pour qui il travaille depuis 2019.

Un porte-parole du Parlement a annoncé la "suspension" avec effet immédiat de M. Guo, "compte tenu de la gravité des révélations".

La ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser a qualifié l'affaire d'"extrêmement grave". Si elle se confirme, "il s'agirait d'une attaque contre la démocratie européenne", a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Les députés de la coalition de centre-gauche du chancelier Olaf Scholz ont annoncé la tenue d'un débat jeudi au Bundestag sur le thème: "menace contre notre démocratie - la Russie, la Chine et le rôle de l'AfD".

Les écologistes européens ont, eux, pressé la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, d'accélérer l'enquête sur les liens entre certains députés et des puissances étrangères.

"Les autocraties comme la Chine ou la Russie cherchent activement à miner nos démocraties en Europe. Il faut que cela cesse", a dénoncé la députée Terry Reintke dans un communiqué.

"Calomnie"

Pékin a nié en bloc. "La théorie de la menace d'un prétendu espionnage chinois n'est pas une chose nouvelle dans l'opinion publique européenne", a déclaré un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

Il a déploré une "calomnie" propre à "détruire l'atmosphère de coopération entre la Chine et l'Europe".

Olaf Scholz s'est rendu en Chine à la mi-avril pour resserrer les liens économiques avec ce pays, premier partenaire économique de l'Allemagne.

Selon la justice allemande, "l'accusé a transmis en janvier 2024 à plusieurs reprises des informations sur les négociations et les décisions du Parlement européen à son client du service de renseignement".

Jian Guo a été arrêté lundi à Dresde, dans l'est de l'Allemagne, et son domicile a été perquisitionné.

Selon les recherches effectuées par la télévision publique allemande, il n'est pas un inconnu des services de renseignement allemands à qui il avait proposé, sans succès, ses services en tant qu'informateur il y a au moins dix ans.

Coup dur pour l'extrême droite

Cette arrestation est un nouveau coup dur pour l'AfD, parti anti-euro et anti-immigration, dont la popularité s'effrite en raison de plusieurs controverses.

Les informations concernant l'arrestation d'un assistant de M. Krah sont "très préoccupantes", a du reste déclaré le parti, qui a annoncé la convocation de l'eurodéputé pour s'expliquer à Berlin auprès des instances dirigeantes.

M. Krah avait de son côté déclaré avoir appris l'information par la presse et indiqué qu'il mettrait un terme aux relations de travail avec son assistant "si les accusations s'avéraient fondées".

Le député controversé a également été cité dans un autre scandale récent selon lequel certains législateurs européens auraient accepté de l'argent pour diffuser des positions prorusses sur un site web d'information financé par Moscou.

M. Krah, cité dans les médias après que le gouvernement tchèque a déclaré avoir découvert un réseau de propagande russe, a reconnu début avril être apparu à deux reprises sur ce site web "Voice of Europe", mais ne pas avoir "bien sûr reçu d'argent pour cela".

 

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