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« Ce n’est pas mon sang » : condamné pour féminicide, Alexander K. provoque avec des… produits dérivés liés à son crime et la justice ne peut rien faire

Par RTL info
Douze ans après avoir tué et démembré une femme, Alexander K., désormais libre, vend des produits dérivés liés à son crime sur les réseaux sociaux. Une situation qui choque l’opinion publique, mais contre laquelle la justice reste impuissante, rapportent nos confrères de Tagesspiegel.

Alexander K., 36 ans, est aujourd’hui un homme libre. Il a été condamné en 2012 pour le meurtre sordide d’une prostituée qu’il a démembrée avant de jeter son corps dans le lac de Maschee à Hanovre.

L’homme est sorti de prison en juin dernier après avoir purgé une peine de 12 ans. Sa libération, déjà controversée, fait désormais scandale : le principal intéressé commercialise en ligne des t-shirts et posters macabres, en lien direct avec son crime.

Dans une vidéo supprimée depuis par TikTok, on le voit sourire à la caméra aux côtés d’une femme portant l’un de ses produits : une blouse noire sur laquelle est inscrit « J’ai survécu à un rendez-vous avec l’assassin du Maschsee », et dans le dos, en lettres rouges dégoulinantes : « Ne t’inquiète pas, ce n’est pas mon sang ». Si les plateformes comme TikTok et Instagram ont gelé ses comptes, les articles restent disponibles à la vente en ligne.

Une condamnation jugée trop légère

Le meurtre, survenu en 2012, avait été précédé d’alertes. Un proche de l’auteur avait contacté la police dès 2011, inquiet des propos tenus par Alexander K., alors jeune rappeur aux textes d’extrême droite. Il affirmait vouloir tuer quelqu’un. Malgré cela, il est passé à l’acte un an plus tard, impliquant même sa compagne de l’époque, qu’il a contrainte à l’aider avant de tenter de lui faire porter la responsabilité du crime.

Reconnu coupable, Alexander K. a néanmoins bénéficié d’une peine allégée. Les experts avaient diagnostiqué chez lui un trouble de la personnalité antisocial avec des traits narcissiques et paranoïaques, ce qui a conduit à une condamnation à 12 ans de prison, au lieu d’une réclusion criminelle à perpétuité.

Depuis sa sortie, Alexander K. ne se cache pas. Il a même publié un livre autobiographique. Pour la famille de la victime, c’est une provocation insupportable. Le fils de la femme assassinée, Julian Hamed, ne cesse de dénoncer une injustice. « Il ne devrait jamais sortir de prison », affirmait-il dans la presse. Aujourd’hui, il lance une collecte pour financer une action civile contre l’ancien détenu, accusé de « porter atteinte à la dignité de la victime ».

Une impasse juridique

Mais d’un point de vue légal, le combat s’annonce difficile. Selon les juristes interrogés par le Tagesspiegel, le droit à la réhabilitation est un principe fondamental du droit allemand. Une personne ayant purgé sa peine doit pouvoir réintégrer la société avec les mêmes droits que les autres, y compris celui de s’exprimer sur les réseaux sociaux, sauf décision de justice contraire.

Ainsi, malgré les réactions choquées de l’opinion publique et le malaise suscité par cette marchandisation morbide, les autorités disposent de peu de leviers pour intervenir. Et pour les proches de la victime, le sentiment d’injustice persiste.

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