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Cinq mois après son élection le nouveau Pape se démarque peu à peu de son prédécesseur, notamment vis-à-vis des traditionalistes. Pour la première fois depuis 2022, une messe sera bientôt célébrée à Saint-Pierre de Rome selon la liturgie en vigueur avant le concile Vatican II. Une autorisation perçue comme un geste « pacificateur » de Léon XIV.
On associe souvent les traditionalistes à la Messe en latin. Ils en seraient les uniques défenseurs. Pour nombre d’entre eux si les Églises se vident aujourd’hui c’est parce que la Messe aurait beaucoup perdu en passant du latin aux langues locales. Georges Brassens dans les années septante, avait écrit une chanson dont le refrain était « sans le latin, la messe nous emmerde… »
Maxima culpa ! Très grande faute ! Car le latin n’a jamais été supprimé, au Vatican les Messes pontificales se célèbrent toujours en latin et Christophe Giltay raconte d’ailleurs au micro de bel RTL : « J’ai commenté depuis Saint-Pierre une vingtaine de Messes de Noël avec, dans une main un missel en Français et dans l’autre, le même en latin, pour arriver à suivre. »
Une histoire de Missel
Ce qui divise les traditionalistes et Rome, ce n’est pas la langue, c’est le Missel. Les tenants de Vatican II utilisent le Missel publié (en latin d’ailleurs) par Paul VI à la fin des années 60, et de leur côté les traditionalistes sont restés fidèles au Missel de 1570, issu du concile de Trente en Italie. C’est pourquoi on appelle leur Messe, la Messe tridentine.
Le Missel de Vatican II a marqué une vraie rupture dans la manière de célébrer l’Eucharistie, la plus spectaculaire étant que le prêtre dit la Messe face aux fidèles et non plus en leur tournant le dos comme Don Camillo. Les lectures ne sont pas les mêmes, le calendrier liturgique est différent, et lors des prières, un dialogue s’établit désormais entre le célébrant et l’Assemblée. Ainsi la Messe moderne commence toujours par la formule, « Dominus vobiscum » , « le seigneur soit avec vous », à laquelle on répond « et cum spirituo tuo », « et avec votre esprit ».
Tradition ou traditionalisme ?
Dès la fin du Concile, des voix se sont élevées pour dénoncer ce nouveau Missel, considéré trop proche du protestantisme. Des évêques comme Monseigneur Lefebvre se sont opposés au Vatican, à tel point que ce dernier a été excommunié par Jean Paul II en 1988. Depuis, il y a un va-et-vient entre apaisement, et raidissement. En 2007, Benoit XVI autorisait un recours, très libéral, à la messe tridentine, alors qu’en 2021, François l’encadrait sévèrement en la soumettant à une autorisation préalable de l’Évêque.
« Ite missa non est »
Or Léon XIV vient d’autoriser la célébration d’une messe tridentine dans Saint-Pierre le 25 octobre prochain à l’occasion d’un pèlerinage traditionaliste, qui rassemble chaque année 2000 personnes. Avec le retour de certains vêtements sacerdotaux abandonnés par François, et son séjour à Castel Gondolfo, le nouveau pape semble revenir à une pratique plus traditionnelle, mais pas forcément traditionaliste. Il ne s’est cependant pas encore prononcé officiellement. Sur ce sujet donc, « Ite missa non est », « La messe n’est pas dite ».


















