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En visite en Colombie, la commissaire européenne Hadja Lahbib, en charge de la Gestion des crises et de l’Égalité, entend mesurer l’ampleur des besoins humanitaires dans un pays marqué par les violences armées et les catastrophes naturelles. Elle veut aussi réaffirmer la présence de l’Union européenne, alors que les États-Unis se désengagent. « La Colombie est un pays qui cumule toutes les facettes des risques », a résumé la commissaire belge, qui s’est rendue mercredi dans le département du Chocó (nord-ouest) à la rencontre de communautés touchées par de récentes inondations et la violence.
Elle s’est dite frappée par la « guerre invisible » que se livrent les multiples groupes armés encore actifs dans la région, malgré l’accord de paix signé avec les FARC en 2016. De plus en plus fragmentés, ces groupes tirent leurs revenus du trafic de drogue et de l’exploitation illégale de l’or, alimentant un cycle de violences marqué par les déplacements forcés et les confinements de communautés entières par crainte des mines antipersonnel.
La Colombie compte quelque huit millions de personnes déplacées internes – dont beaucoup de femmes, d’enfants et de membres des communautés indigènes ou afrodescendantes – auxquels s’ajoutent près de trois millions de réfugiés vénézuéliens. En 2025, l’UE a alloué 28,1 millions d’euros à l’aide humanitaire en Colombie, dont 20,5 millions pour soutenir les personnes affectées par les conflits armés et 7 millions pour venir en aide aux réfugiés, migrants et communautés d’accueil, selon le service de la Commission européenne à la protection civile et aux opérations d’aide humanitaire (DG ECHO).
Au bord du fleuve Atrato, à Quibdo, l’Union européenne soutient la Croix-Rouge colombienne dans un travail de préparation et de réponse aux inondations, plus fréquentes avec le changement climatique. L’organisation fournit des soins de santé, des kits d’urgence ou une assistance psychosociale. Non loin de là, dans le quartier pauvre de La Victoria à Quibdo, l’UE soutient un petit projet d’émancipation de femmes à travers le recyclage des déchets.
« L’UE est à vos côtés », a répété Hadja Lahbib à plusieurs reprises, la casquette bleue de l’Union vissée sur la tête. Une phrase qui résonne alors que les États-Unis de Donald Trump ont mis fin abruptement à leur programme d’aide internationale USAID. Les financements américains représentaient jusqu’à 70 % de l’aide humanitaire en Colombie. Si l’impact de ce retrait reste difficile à mesurer, de nombreux projets ont été interrompus et les grandes organisations, comme la Croix-Rouge, disent ressentir une pression accrue, selon plusieurs interlocuteurs rencontrés sur place.
De son côté, la Commission entend maintenir le niveau de l’aide européenne, mais celle-ci ne pourra pas remplacer les États-Unis, a mis en garde Hadja Lahbib. La commissaire plaide dès lors pour une « réinitialisation » de l’aide, visant à rendre les communautés plus autonomes et moins dépendantes dans la durée. Parmi les pistes évoquées figurent la réduction de certains coûts logistiques, notamment dans les transports, et une approche plus circulaire dans la gestion des denrées envoyées sur le terrain.
« Ce voyage intervient à un moment charnière pour l’alliance stratégique entre l’Union européenne et l’Amérique latine, qui revêt une importance cruciale dans le contexte géopolitique actuel », a souligné la députée européenne Leire Pajín (Socialistes et démocrates), présente au sein de la délégation en tant que rapporteure permanente pour l’aide humanitaire au Parlement européen. La mission précède de quelques jours un sommet entre la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC) et l’UE, consacré au renforcement du partenariat politique, économique et humanitaire entre les deux régions.
