Accueil Actu Monde Europe

La France et le Royaume-Uni signent un texte contre la migration clandestine, il est déjà surnommé « l’accord de la honte » : en quoi consiste-t-il ?

Par Christophe Giltay
Certains l’appellent déjà l’accord de la honte. D’autres veulent y voir une solution au travers ces clandestines de la Manche. À l’issue de la visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni, les deux pays se sont mis d’accord sur un projet d’échange permettant de renvoyer des migrants en France et dans le même temps d’en accepter d’autres en Angleterre, le tout par des voies légales.

Vendredi, non loin de Calais, des gendarmes français sont entrés dans la mer jusqu’à la ceinture pour lacérer un canot pneumatique chargé de migrants. Le bateau a coulé et les passagers dont des enfants ont rejoint tant bien que mal la côte sains et saufs.

Le gouvernement anglais a réagi en déclarant. « Nous saluons l’action des forces de l’ordre françaises pour intervenir dans les eaux peu profondes ». Côté français, on estime que le Zodiac aurait pu chavirer et que c’était une action humanitaire.

En vertu du droit maritime international, une fois qu’une embarcation a quitté le sol et flotte, on ne peut plus l’intercepter depuis le rivage sauf pour lui porter secours. Ce qu’on appelle les « taxis boat », qui emportent des dizaines de candidats à l’exil, l’ont bien compris. Désormais, ils ne partent plus du rivage, mais ils viennent les chercher à quelques mètres de la plage.

Ce que prévoit le texte

Le texte, signé hier entre Emmanuel Macron et le Premier ministre anglais, prévoit que les forces françaises puissent intervenir jusqu’à 300 mètres des côtes. Par ailleurs, si des « taxis boat » sont interceptés en mer par les garde-côtes anglais, les clandestins seront internés puis renvoyés directement en France, sans que leurs demandes d’asile ne soient étudiées. Or nombre d’entre eux, environ 7 sur 10, auraient droit à cet asile. En échange la France enverrait en toute légalité au Royaume-Uni des migrants théoriquement en règle.

Cet accord est rendu possible depuis le Brexit, car le Royaume-Uni est sorti des accords de Dublin qui prévoient que dans l’Union, les dossiers des migrants soient étudiés dans leur pays d’arrivée mais pas dans un autre. Cette fois ils pourraient se déclarer en France, puis passer officiellement en Angleterre. Et c’est Londres qui déciderait de leur destin. Voilà le principe, déjà surnommé « une entrée, une sortie ».

Mais en réalité, on voit mal comment ces migrants seraient choisis puis transférés, ça reste flou. Sur ce coup-là Keir Starmer, le Premier ministre anglais, joue sa tête. 20 000 clandestins ont réussi la traversée depuis le début de l‘année, et l’opinion publique est très remontée. S’il ne trouve pas de solution, il perdra les prochaines élections.

Emmanuel Macron, lui, se réjouit de ce rapprochement avec Londres qui va permettre d’autres accords notamment de défense sur l’arme nucléaire. Quant aux migrants qu’on croit ainsi décourager, ils tenteront de partir la nuit, ou de plus loin, de Normandie ou de Belgique pour des traversées plus longues et plus dangereuses.

Ils sont venus d’Asie et d’Afrique pour rejoindre l’Angleterre, c’est le but de leur vie. Ils ne s’arrêteront pas à Calais, quitte à la perdre.

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus