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Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a ordonné une inspection. En cause: de graves dysfonctionnements dans une affaire criminelle qui auraient pu, selon le journaliste Laurent Valdiguié, être évitée bien plus tôt.
EN DEUX MOTS :
- Le ministre français Gérald Darmanin ordonne une inspection après des ratés judiciaires révélés dans l’affaire Dominique Pelicot.
- Condamné à 20 ans de prison, Pelicot aurait pu être arrêté dès 2010 grâce à des traces ADN liées à un viol en 1999.
- Des scellés essentiels à une enquête pour meurtre ont disparu, aggravant les soupçons sur la gestion du dossier.
Dans son livre Fetiche45 - Les autres vies de Dominique Pelicot, paru ce vendredi, Laurent Valdiguié revient sur le parcours judiciaire de Dominique Pelicot. L'homme qui a été condamné à une peine de prison de 20 ans pour avoir drogué et fait violer sa femme, Gisèle Pelicot, pendant des années aurait pu, selon le journaliste, être interpellé bien plus tôt.
Un signalement dès 2010
D’après Laurent Valdiguié, Dominique Pelicot aurait pu être interpellé dès 2010. Cette année-là, son ADN apparaît dans le fichier national des empreintes génétiques (FNEG), en lien avec une tentative de viol commise en 1999.
Une goutte de sang retrouvée sur la scène de crime et analysée des années plus tard correspond à l'ADN de Pelicot. Pourtant, aucune procédure ne sera engagée à ce moment-là.
Ce même ADN est connu de la justice depuis juillet 2010. Dominique Pelicot avait été arrêté après avoir filmé sous les jupes de femmes dans un magasin Carrefour en Seine-et-Marne. Il avait alors écopé d’une simple amende de 100 euros et ses empreintes avaient été relevées.
Un nouveau cold case
Plusieurs années plus tard, la juge d’instruction Nathalie Turquey, spécialisée dans les cold cases, reprend l’enquête sur la tentative de viol de 1999. Elle la relie à un autre dossier: le meurtre et le viol de Sophie Narme, une jeune agente immobilière tuée en 1991.
Les deux affaires présentent un mode opératoire similaire. Les victimes étaient endormies à l’éther, puis déshabillées de la même façon.
En 2022, Dominique Pelicot a reconnu la tentative de viol de 1999 après avoir été confronté à la découverte de son ADN. Concernant le meurtre et le viol de Sophie Narme, l'homme est mis en examen mais nie toujours son implication.
Des preuves cruciales introuvables
Ce n’est pas le seul raté dénoncé par le journaliste. Dans l’enquête sur le meurtre de Sophie Narme, du sperme avait été prélevé en 1991 lors de l’autopsie. Mais les écouvillons ont été égarés. D’autres pièces à conviction, comme la ceinture et le pull de la victime, ont également disparu. Depuis 2016, la juge Turquey tente de retrouver ces scellés.
"Il y a 1,2 million de scellés dans les salles où ils devraient être stockés. Ceux de Sophie Narme n’y sont pas", déplore Laurent Valdiguié.
Le ministre de la Justice réagit
Après avoir pris connaissance du travail du journaliste, Gérald Darmanin a décidé de lancer une inspection interne sur ces dysfonctionnements judiciaires.















