Accueil Actu Monde International

COP28: une diminution mais pas une sortie des énergies fossiles, le nouveau projet d'accord est "décevant" selon les Européens

Le nouveau projet d'accord, soumis par la présidence émiratie de la COP28 lundi en début de soirée à Dubaï, appelle à une "réduction tant de la consommation que de la production d'énergies fossiles" mais le texte n'appelle pas explicitement à la sortie progressive des combustibles fossiles, au grand dam d'une coalition de pays parmi lesquels les 27 membres de l'Union européenne et les petits États insulaires.

À la place d'une sortie des fossiles, le projet de compromis mis sur la table par la présidence de la COP28 parle de "réduction tant de la consommation que de la production d'énergies fossiles d'une manière ordonnée et équitable afin d'achever le net zéro d'ici, avant ou aux alentours de 2050, en lien avec la science".  

La seule sortie progressive (phase out) évoquée dans le texte d'une vingtaine de pages concerne les subsides "inefficaces aux énergies fossiles qui encouragent le gaspillage et ne répondent pas à la pauvreté énergétique et aux transitions justes, aussi vite que possible".  

Le projet de texte de "bilan mondial", exercice quinquennal inédit car réalisé pour la première fois en vertu de l'accord de Paris sur le climat, appelle également les États à tripler la capacité d'énergies renouvelables installée dans le monde et à doubler l'efficacité énergétique d'ici 2030. Un appel en ce sens a été signé en début de COP28 par 130 pays, dont la Belgique.  

 

Diminuer le charbon

Sur le charbon, le document appelle à en diminuer rapidement l'utilisation sans dispositif d'atténuation des émissions (terme "unabated" dans le texte qui renvoie à la capture de carbone) et à des "limitations" sur les permis de nouvelles centrales à charbon sans capture et stockage de carbone (unabated). En théorie, l'ouverture de nouvelles centrales au charbon sans dispositif d'atténuation des émissions de CO2 serait donc encore possible alors que cette énergie est considérée comme la plus polluante et émettrice de gaz à effet de serre...  

"Accélérer" les efforts

Les États sont aussi invités à "accélérer" leurs efforts vers des systèmes énergétiques zéro émission nette et à accélérer les techniques zéro et basses émissions. Et le texte de citer, en vrac, une série de technologies comme, entre autres, les renouvelables, le nucléaire, les techniques de capture et séquestration du carbone, la production d'hydrogène bas carbone...   Enfin, le texte appelle à une réduction accélérée et substantielle des émissions d'autres gaz à effet de serre que le CO2, et en particulier des émissions de méthane, au niveau mondial, d'ici 2030.  

"Décevant" pour les Européens

Du côté européen, la proposition émiratie est qualifiée de "décevante" et "inadéquate" par le Commissaire européen en charge de l'action climatique, Wopke Hoekstra.  

"Si c'est tout ce que nous obtenons de la COP28, alors cette conférence sera un échec", a réagi pour sa part Kaisa Kosonen, de Greenpeace. "Le texte comprend un menu de choses que les pays peuvent choisir de faire ou non pour accélérer la transition énergétique. Cela ne reflète pas le momentum historique auquel nous avons insisté ces dernières semaines".  

Dans la foulée de la sortie de ce nouveau projet d'accord, une plénière de la COP a débuté dans la soirée. "Nous avons fait des progrès mais nous avons encore beaucoup à faire", a déclaré le président de la COP28, Sultan Al Jaber, en ouverture de la plénière. "Nous devons encore combler de nombreux différends", a-t-il encore reconnu.  

La séance plénière s'est terminée peu avant 19H15 (16h15, heure belge), sans décision sur le texte qui va donc encore faire l'objet de négociations intenses dans les prochaines heures.  

La COP28, qui réunit près de 200 pays à Dubaï, doit en principe se clôturer ce mardi 12 décembre mais les conférences climat ont la fâcheuse tendance à jouer les prolongations et rien n'indique qu'il en sera cette fois autrement.

 

Contenus sponsorisés

À la une

Les plus lus