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Dans un mois, cela fera quatre ans que les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan. Le 15 août 2021, après une offensive éclair, les fondamentalistes islamistes faisaient fuir le gouvernement soutenu par Washington et reprenaient Kaboul, la capitale. Aujourd’hui, le pays est largement oublié de l’actualité, mais la situation sur place reste dramatique.
D’un point de vue démocratique, c’est un retour en arrière brutal à la fin des années 90. Chela Noori, une avocate franco afghane et présidente de l’association Afghanes de France s’est rendue dans le pays du 21 mai au 4 juin dernier et a visité une quinzaine de villes. Son constat est sans appel : « La situation est catastrophique. »
Les femmes, invisibles dans la société
La ségrégation entre hommes et femmes atteint des niveaux extrêmes. Les femmes sont quasi inexistantes dans l’espace public. Elles ne peuvent pas travailler, ni étudier au-delà de l’adolescence. Selon l’ONU, 80 % des femmes âgées de 18 à 29 ans n’ont ni emploi ni accès à l’éducation.
Elles n’ont pas le droit de conduire, ni même de s’asseoir à l’avant dans une voiture. Les sorties leur sont interdites dans les parcs, certains restaurants, ou même pour accompagner leurs enfants. Leur quotidien se résume à faire les courses, cuisiner, s’occuper du ménage et de la famille. Les salons de beauté, derniers espaces de liberté, ont fermé.
Dans la rue, des milices patrouillent. Ce sont les hommes du groupe Ben Marouf, encore plus extrémiste que les talibans eux-mêmes. Ils n’hésitent pas à frapper publiquement les femmes qui ne portent pas la burqa. Certaines sont enlevées, violées. Beaucoup, après avoir été relâchées, sombrent dans une détresse telle qu’elles mettent fin à leurs jours.
Un pays figé, une population à bout
Les hommes non plus ne sont pas épargnés. Seuls ceux qui en ont les moyens peuvent poursuivre des études. Les autres doivent aider leurs parents pour subvenir aux besoins de la famille. « Beaucoup ont perdu leur travail, les rues sont désertes », décrit Chela Noori. Même les mendiants ont disparu : les talibans les jettent désormais en prison.
Le 8 juillet dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, et le président de la Cour suprême Abdul Hakim Haqqani. Ils sont poursuivis pour persécution des femmes, un crime contre l’humanité. Le gouvernement taliban a qualifié ces accusations « d’absurdes » et affirmé qu’il ne reconnaissait pas la légitimité du tribunal de La Haye.

















