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L’Ukraine, peuplée majoritairement d’orthodoxes, a fêté Noël le 25 décembre, comme les catholiques, et non pas le 7 janvier 2026 selon le calendrier Julien, en vigueur chez les orthodoxes russes. Ce changement qui remonte à 2023 est plus qu’anecdotique, il symbolise la dernière étape de la séparation, entre le patriarcat orthodoxe de Moscou et celui de Kiev.
Les origines de la guerre en Ukraine ne se limitent pas à la volonté pour Vladimir Poutine de réintégrer à son empire la Crimée et les provinces russophones du Donbass. En appliquant cette grille de lecture, on privilégie l’aspect linguistique en négligeant d’autres fractures. Ainsi celle qui sépare les orthodoxes ukrainiens restés fidèles à Moscou de ceux qui se réclament de Constantinople, Istanbul, la capitale historique de l’orthodoxie.
Un patriarche très différent du Pape
Si Bartholomée, le patriarche « œcuménique » de Constantinople, exerce une primauté d’honneur sur l’ensemble des orthodoxes, son rôle n’est pas comparable à celui d’un Pape. Les Églises orthodoxes nationales sont dites autocéphales, elles se dirigent elles-mêmes.
Lors de l’annexion de l’Ukraine par la Russie au milieu du XVIIème siècle, l’Église de Kiev est passée sous le contrôle de Moscou. Cette réalité n’a cessé de se renforcer y compris à l’époque de l’URSS. Cependant en 1991, lors de l’indépendance de l’Ukraine, l’Église locale a demandé à se rattacher à Constantinople.
Bartholomée, a d’abord refusé, mais il a changé d’avis après la conquête de la Crimée… En 2019, il a reconnu une église autocéphale basée à Kiev, dirigée par Épiphane un jeune patriarche âgé aujourd’hui de 46 ans. Furieux, Kyrill le patriarche de Moscou, un proche de Poutine, a prononcé le 27 février 2022, trois jours après le début de l’offensive russe, une Homélie où il qualifiait de « forces du mal ceux qui ont toujours combattu l’unité de la Russie, et celle de l’Église russe. » Comprenez les indépendantistes ukrainiens.
Une Ukraine, et trois Églises
Résultat : il existe actuellement trois grandes Églises en Ukraine. D’abord l’Église autocéphale ukrainienne qui rassemble 61 % des fidèles orthodoxes. Puis l’Église orthodoxe fidèle à Moscou 20 % des fidèles. Et enfin une Église gréco-catholique, de rite orthodoxe mais qui dépend du Pape, et représente environ 10 % de la population.
Ces différences religieuses sont partie intégrante du conflit. L’Église autocéphale porte les aspirations d’indépendance du peuple ukrainien, l’Église gréco-catholique l’ambition d’entrer un jour dans l’Union européenne, et l’Église pro-russe celle du retour de l’Ukraine à la grande Russie.
Donald Trump croit qu’il va régler le conflit à l’américaine… il lui manque une dimension byzantine.













