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L’image d’un front uni autour de Volodymyr Zelensky n’est pas anodine. Elle marque une volonté claire des Européens de peser collectivement dans les négociations autour de la guerre en Ukraine, à un moment où les positions américaines semblent de plus en plus mouvantes. « L’union fait la force », résume Chantal Monet, notre référente en questions internationales. « Le message, c’est : tous derrière Zelensky, même si les Américains souhaiteraient voir l’Europe faire pression pour qu’il accepte l’accord qui sera mis sur la table. »
Cette position se veut aussi une réponse directe au revirement du président Donald Trump, après le sommet en Alaska. « Il disait vouloir un cessez-le-feu, puis après trois heures avec Poutine, il évoque finalement un accord de paix, beaucoup plus complexe à négocier », note Chantal Monet. Un changement de ton aligné avec la stratégie du Kremlin, qui cherche à figer le front et gagner du temps.
Ligne rouge
Si l’option d’un cessez-le-feu immédiat reste la priorité pour l’Ukraine et ses alliés européens, la Russie pousse en faveur d’un accord global, qui inclurait un redécoupage territorial. Une perspective inacceptable pour Kiev. « Vladimir Poutine veut le Donbass. Il contrôle déjà environ 75 % de cette région et il espère obtenir le reste par voie diplomatique, faute de pouvoir le prendre militairement », explique Chantal Monet. Pour l’Ukraine, comme pour les Européens, céder du territoire est hors de question.
L’intégrité territoriale reste donc une ligne rouge. Et même si des concessions auraient été évoquées par Moscou lors du sommet en Alaska, selon le négociateur américain Steve Witkoff, « on n’en sait pas plus à ce stade », rappelle notre experte.
Au-delà des frontières, la question des garanties de sécurité reste centrale. Un modèle similaire à celui de l’OTAN – avec une défense collective – est évoqué, mais rien n’est encore tranché. « Les Américains attendent des Européens un engagement réel : militaire, financier, concret. Mais quel sera le leur ? », s’interroge Chantal Monet. La question reste sensible : jusqu’où les États-Unis sont-ils prêts à aller pour défendre l’Ukraine face à la Russie ? L’idée d’un engagement militaire américain reste largement hypothétique, et beaucoup doutent qu’il puisse aller jusqu’à un affrontement direct avec Moscou.
Une rencontre à haut risque
Ce lundi, Volodymyr Zelensky rencontrera Donald Trump à Washington. Très peu d’informations ont filtré sur la rencontre à venir. Mais selon le journal Bild, Donald Trump souhaite d’abord rencontrer Zelensky en tête-à-tête, avant un dîner élargi aux dirigeants européens. Une configuration qui suscite des inquiétudes à Bruxelles, en souvenir d’un précédent rendez-vous houleux dans le Bureau ovale.


















