Partager:
Avertissement : les photos contenues dans cet article peuvent heurter la sensibilité.
Charismatique militant anticorruption et farouche opposant à l’invasion russe de l’Ukraine lancée en 2022, Alexeï Navalny est décédé à 47 ans dans des circonstances floues dans une colonie pénitentiaire en Arctique, alors qu’il purgeait une peine de 19 ans d’emprisonnement pour des accusations qu’il dénonçait comme politiques. Une proche collaboratrice d’Alexeï Navalny, Maria Pevtchikh, a affirmé sur Telegram que l’opposant était, au moment de sa mort, « allongé par terre, vomissait et hurlait de douleur » mais qu’« au lieu de le sauver, les gardiens l’ont laissé là, ont fermé les barreaux et la porte » de sa cellule.
Elle a publié des photographies d’une cellule, selon elle prises juste après le décès de l’opposant, sur lesquelles on voit ce qui semble être du vomi et du sang sur le sol.




Les autres photos montrent la « cour d’exercice », dans laquelle Alexeï Navalny était autorisé à « s’aérer ». « Pendant plusieurs années, c’est ce que signifiait pour Alexeï « marcher dehors » : trente minutes dans une pièce en béton au plafond à barreaux, où l’on pouvait toucher les deux murs d’un simple geste des bras », a écrit Maria Pevtchikh sur X.


L’ex-bras droit d’Alexeï Navalny, Leonid Volkov, a accusé sur Telegram le président russe, Vladimir Poutine, d’avoir « assassiné » l’opposant. « Il a été tué de manière atroce, empoisonné. Et même si les données ont été effacées des dossiers médicaux et les traces dissimulées, nous savons tout de son dernier jour et de la manière dont il a été assassiné », a-t-il indiqué.
Sa veuve réaffirme qu’il a été empoisonné
La publication de ces photos intervient alors que Ioulia Navalnaïa, la veuve d’Alexeï Navalny affirme que son mari a été « empoisonné », disant se fonder sur des analyses effectuées par des laboratoires occidentaux. « Deux laboratoires de deux pays différents sont arrivés, indépendamment l’un de l’autre, à la conclusion que Alexeï avait été empoisonné », a déclaré M. Navalnaïa sur Telegram et dans une vidéo explicative. Interrogé sur ces nouvelles accusations, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a répondu mercredi qu’il n’avait « rien à dire ». « Je ne sais rien à ce sujet », a-t-il ajouté lors de son briefing quotidien.
Pour rappel, après sa mort, les autorités avaient refusé pendant plusieurs jours de remettre son corps à ses proches, ce qui a éveillé les soupçons de ses partisans qui accusent le pouvoir de l’avoir « tué » et de chercher à maquiller son meurtre, ce que dément le Kremlin.
Une mort « atroce »
Mme Navalnaïa n’a pas rendu public ces analyses et a précisé ne pas pouvoir « obtenir les résultats officiels indiquant exactement quel poison avait été utilisé » contre son époux.
Elle précise néanmoins que son équipe a eu accès aux témoignages de cinq agents pénitentiaires de la colonie de Kharp, dans l’Arctique, où est mort Alexeï Navalny. « Ces témoignages comportent des incohérences entre eux. Mais ils donnent une idée générale de ce qui s’est passé », a expliqué Mme Navalnaïa.
Sévère répression
Considéré comme l’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny avait été empoisonné une première fois en 2020 en Sibérie à l’agent innervant Novitchok et était resté en convalescence pendant plusieurs mois en Allemagne. Il avait été arrêté dès son retour en Russie, en janvier 2021, puis condamné à plusieurs peines de prison de plus en plus lourdes. Ses partisans en Russie ont également été visés par une sévère répression et nombre d’entre eux ont été contraints de fuir le pays.
Sa veuve, Ioulia Navalnaïa, a été inscrite par les autorités au registre des « terroristes et extrémistes » et d’anciens avocats de Navalny, son médecin ou encore des journalistes ayant collaboré avec son organisation ont été inquiétés par la justice. Alexeï Navalny et son équipe s’étaient fait connaître dans les années 2010 en publiant des enquêtes dénonçant la corruption des élites politiques en Russie, y compris dans les cercles proches de Vladimir Poutine.
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les autorités russes ont renforcé encore la répression des voix critiques du pouvoir et dénonçant la guerre, à coups de centaines de peines de prison et de milliers d’amendes.
La plupart des figures de l’opposition encore vivantes sont soit en prison, soit en exil à l’étranger.



















