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La députée bruxelloise Latifa Aït-Baala a annoncé jeudi qu'elle quittait le MR et passait, sine die, au PS. Le MR, première formation francophone politique régional à Bruxelles compte désormais 20 députés et le PS 17.
"Après 22 ans de militantisme et d'engagement au MR, c'est au sein de la famille socialiste que s'ouvre un nouveau chapitre de mon engagement politique. Députée bruxelloise, je siégerai désormais au Parlement bruxellois, dans ma nouvelle formation politique, le PS", a précisé Mme Aït-Baala.
La nouvelle députée socialiste précise avoir toujours considéré son investissement politique comme un prolongement naturel de sa "citoyenneté multiple et une chance dans la région la plus cosmopolite au monde. Après mûre réflexion, il est apparu évident que les motivations qui ont présidé mon engagement ne sont plus en phase avec la vision politique du MR d'aujourd'hui et que la poursuite de mon engagement nécessite un cadre différent", a-t-elle ajouté.
Ce choix s'inscrit dans une volonté du "respect de l'identité bruxelloise et de porter au mieux les aspirations légitimes des citoyennes et des citoyens de notre région à un moment où celle-ci fait face à des défis majeurs, voire existentiels", a insisté Mme Aït Baala, se disant "pleinement déterminée à poursuivre mon action politique avec énergie et conviction".
Un courrier a été adressé au président du Parlement bruxellois et du parlement francophone bruxellois pour l'informer de ce changement de groupe politique avec effet immédiat.
Un nom connu du parlement
Latifa Aït-Baala, juriste de profession et femme politique maroco-franco-belge, est membre du Parlement régional bruxellois depuis 2019 pour le Mouvement réformateur (MR).
Une enquête de nos confrères de la RTBF sur de possibles ingérences marocaines en Belgique diffusée en février 2024 révélait les liens étroits financiers et médiatiques de Latifa Aït-Baala avec les autorités marocaines, interrogeant l'intégrité politique de la députée et la souveraineté nationale.
Pour exemple, il a été dévoilé que son association Freemedia a reçu 15.000 euros entre 2010 et 2011 d’un organisme marocain officiel (CCME), des fonds qui auraient servi à produire des documentaires sur le Sahara occidental et le Front Polisario. Ces documentaires, diffusés au parlement européen et au parlement fédéral belge, présentent une vision favorable aux positions marocaines sur le Sahara occidental. Une experte en droit international, Marjorie Beulay, les décrivait comme manipulateurs, avec des "informations fausses" et une absence de voix dissidentes.
A la suite de ce reportage, une enquête judiciaire a été ouverte sur les ingérences marocaines en Belgique, incluant des accusations concernant Latifa Aït-Baala. Le parquet de Bruxelles a lancé une information judiciaire fin mars 2024, s'appuyant sur un procès-verbal établi par l'Office central pour la répression de la corruption (OCRC).
L'enquête vise à examiner ces allégations, mais les chefs d'accusation spécifiques n'ont pas encore été précisés.



















