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« Rien, monsieur, je vous jure sur ma tête, rien. » C’est en pleurs, désespérée, qu’Isabelle nous raconte qu’après six mois de recherches d’un nouveau logement à louer, elle n’a reçu que des refus.
La maison qu’elle loue actuellement à Liège va être rénovée par sa propriétaire. Pas de problème là, il s’agit d’une des conditions légales pour casser un bail. Mais depuis 6 mois, au téléphone, c’est toujours la même histoire : « C’est mon âge. Ils disent que je dois aller dans un home, c’est tout. »
Inimaginable d’aller en maison de repos
Une option qu’elle refuse catégoriquement : « Non, je ne m’y vois pas. Pour moi, c’est un mouroir. Pour eux, ils se représentent une personne âgée comme une… presque une grabataire, quelqu’un qui n’est plus capable. Or je suis toujours capable. »
À 75 ans, cette grand-mère est aujourd’hui seule pour affronter un déménagement, malgré ses demandes auprès des agences immobilières et du CPAS de la Ville de Liège. Avec une pension de 1 400 euros par mois, trouver un propriétaire qui accepte de lui louer un bien est aujourd’hui mission impossible. « Je comprends que je ne suis pas riche, que je ne sais pas mettre des loyers excessifs, je comprends. Mais ce qui m’arrive, je ne pensais pas que ça allait m’arriver, me retrouver à la rue. »
Isabelle est aujourd’hui dos au mur : dans quelques heures, elle sera théoriquement sans toit.
Contacter la police ou Unia en cas de discrimination au logement
Que faire si on est victime de discrimination au logement ? « La première chose à faire, a priori, c’est d’essayer de discuter avec le propriétaire ou son représentant pour essayer de comprendre les choix qui auraient été posés. Après, si le locataire s’estime victime d’une discrimination, la loi le protège. Il a le droit de saisir soit les services de police, soit par exemple de contacter Unia », le Centre interfédéral pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme et les discriminations, explique Gilles Rigotti, le président de la section wallonne du syndicat national des propriétaires et copropriétaires.
Conseil : enregistrer les refus des propriétaires
Unia a ouvert 131 dossiers l’année dernière touchant au logement. Mais il s’agit principalement de discriminations liées à l’argent (54), au handicap (35) et aux critères raciaux (31), pas liés à l’âge. Pour Anaïs Lefrère, du service de protection individuelle d’Unia, il faut absolument obtenir des preuves quand on se sent victime d’une discrimination. « On a besoin d’un e-mail, d’un SMS ou d’un enregistrement. Et ça, c’est parfois difficile à entendre pour les agents immobiliers ou les propriétaires qui sont enregistrés à leur insu. Ce qu’on comprend tout à fait parce qu’on n’a pas envie d’être enregistré. Mais d’un autre côté, le droit au logement est tellement important et la difficulté pour les candidats locataires est vraiment importante quand ils sont protégés comme ça par des critères de discrimination, que c’est la seule solution à l’heure actuelle pour obtenir de la preuve. »
Ces discriminations au logement sont de plus en plus présentes dans notre pays.

















