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Des restes découverts dans la grotte de Goyet à Namur indiquent que les Néandertaliens pratiquaient le cannibalisme, se livrant parfois à l’autodestruction de leurs femmes et de leurs enfants, pour survivre à une époque où l’Homo sapiens gagnait en domination. Sur plus de 101 fragments d’os mis au jour dans la grotte de Namur, un tiers présente des signes de cannibalisme. L’Institut des Sciences Naturelles de Bruxelles (ISNS) a fait cette découverte mercredi.
Selon l’ISNS, il s’agit d’un cannibalisme non rituel, les os étant beaucoup moins transformés. « Cette découverte suggère que les habitants de la région pratiquaient le cannibalisme », a-t-il déclaré. Grâce à des recherches biologiques sur l’origine des ossements, l’ISNS a pu établir un profil biologique des victimes. Ce profil révèle que les six victimes préhistoriques étaient quatre femmes et deux enfants. Ces deux enfants étaient des garçons âgés de 6,5 et 12,5 ans.
« Cette composition – femmes et enfants sans adultes – n’est pas fortuite. Elle reflète une sélection délibérée des victimes par les cannibales », explique Isabelle Crèvecœur, co-auteure de l’étude. Les restes des victimes suggèrent également qu’elles provenaient d’une autre région. Ceci, à son tour, renvoie à ce que l’on appelle l’« exocannibalisme », où des humains consomment des individus appartenant à des groupes extérieurs au leur.
Les femmes et les enfants particulièrement visés
L’analyse morphologique des femmes révèle que leurs fémurs et leurs tibias étaient « moins robustes que ceux des Néandertaliens d’autres sites ». Les victimes féminines ne mesuraient par ailleurs que 1,5 mètre. Ceci renforce l’hypothèse selon laquelle des individus spécifiques étaient ciblés par les cannibales. D’après les auteurs, l’étude met en évidence des conflits entre tribus à la fin du Paléolithique moyen.
Ce comportement est connu chez les chimpanzés, qui l’utilisaient pour affaiblir les populations voisines ou affirmer leur contrôle territorial. Ces découvertes suggèrent donc des conflits entre groupes dans la région, probablement durant la période où les Néandertaliens étaient en difficulté et où Homo sapiens, en particulier, connaissait une ascension fulgurante.
Il n’est donc pas tout à fait certain que les cannibales n’étaient pas des Homo sapiens, « mais nous pensons toujours qu’il s’agit plus vraisemblablement de l’œuvre des Néandertaliens. Certains ossements ont également servi à aiguiser des outils en pierre, une pratique principalement associée aux Néandertaliens », explique le chercheur Patrick Semal.

















