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Six Nations: l'Italie dans le brouillard

Nouveau coach, nouveau cadres, nouveau capitaine mais problèmes de toujours: en dépit de quelques timides signaux positifs, le XV d'Italie se présentera dimanche au Stade de France dans le flou le plus total et sans aucune garantie quant à sa valeur au plus haut niveau.

Le nouveau sélectionneur Franco Smith n'a pas dit grand-chose lors de sa conférence de presse de présentation quinze jours avant le début du Tournoi, alors tout le monde a retenu sa plaisanterie. "La seule chose vraiment en notre faveur, c'est que personne ne sait ce qu'on veut faire."

Mais on ne peut pas dire que cet état d'incertitude ait beaucoup perturbé le Pays de Galles, vainqueur 42-0 samedi d'Italiens qui n'ont pas semblé eux-mêmes très sûrs de savoir où ils allaient.

"Aujourd'hui, nous ne sommes pas à la hauteur du Tournoi", a écrit le lendemain le Corriere dello Sport, toujours redoutablement sévère envers les Azzurri mais qui a rappelé aussi quelques chiffres impitoyables: 23 défaites consécutives dans le Tournoi depuis un succès en Écosse en 2015, le seul lors des 31 derniers matches disputés dans l'épreuve.

"On n'est ensemble que depuis quelques semaines. On cherche à changer de jeu et de mentalité et pour mener ce projet à terme, il faut du temps", a plaidé Smith qui pourtant n'est... qu'intérimaire.

- Grand flou -

"On ne peut pas changer tous les quatre mois et pour obtenir certains résultats, je pense qu'il faut au moins six ans", avait aussi expliqué avant le Tournoi le successeur de Conor O'Shea, parti sans un mot ou presque à l'issue d'une Coupe du monde finie en queue de poisson avec l'annulation du match face aux All Blacks.

Le coach intérimaire sud-africain s'inscrit donc dans la durée et réclame du temps, mais le président de la fédération raisonne lui au présent.

"D'accord pour poser les bases de la prochaine Coupe du monde, mais l'équipe est déjà compétitive. On espère pouvoir faire mieux parce que cette équipe est la vitrine de notre discipline", a ainsi déclaré Alfredo Gavazzi.

Au milieu de ce grand flou, le nouveau capitaine Luca Bigi et ses hommes se sont présentés au Millenium Stadium sans grande certitude et sans plusieurs cadres ayant tenu la baraque ces dernières années, comme les retraités ou pré-retraités Sergio Parisse et Leonardo Ghiraldini, ou Michele Campagnaro, blessé.

Et ils ont donné l'image d'une équipe sans réel point fort, en dehors d'une conquête satisfaisante, notamment en touche, d'une 3e ligne de bon niveau, qui sera soumise dimanche à un gros test face aux Bleus, et d'une première ligne rajeunie qui n'a pas été ridicule.

Mais les défauts récurrents du rugby italien ont encore sauté aux yeux à Cardiff: manque d'efficacité offensive, indiscipline, faiblesse du banc de touche et carences athlétiques à l'heure des changements.

- Encourageantes franchises -

Comme tous ses prédécesseurs, Smith devra aussi composer avec un réservoir très limité et avec le manque d'enthousiasme du pays pour une équipe qui perd sans cesse et pour une discipline marginale en dehors de quelques modestes bastions au Nord (Trévise, Padoue, Calvisano, Rovigo...).

Au bout du compte, après les tentatives de techniciens étrangers renommés (Nick Mallett, Jacques Brunel, O'Shea...), c'est un certain sentiment d'impuissance qui domine. Comme l'a rappelé la Gazzetta dello Sport en début de semaine, le XV d'Italie n'a en effet pas progressé en vingt ans de Tournoi, alors que le budget fédéral a été multiplié par dix pour atteindre 45 millions d'euros.

Alors que revient régulièrement la crainte d'une sortie du Tournoi ou l'hypothèse d'un play-off avec la Géorgie, le rugby italien conserve pourtant quelques motifs d'espoir.

Ses deux franchises (Benetton Trévise et Zebre Rugby) obtiennent depuis deux saisons des résultats encourageants en Pro 14, comme la sélection U20, victorieuse des Gallois en ouverture du Tournoi de sa classe d'âge.

"Ils sont forts. Les quatre prochaines années vont servir à les intégrer petit à petit", a confirmé Smith. En attendant, l'horizon italien semble bouché, et pas seulement par des Bleus gonflés à bloc par leur succès face à l'Angleterre (24-17).

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