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"27 minutes avant l’arrivée des secours": Jean-François "en colère" après avoir aidé une dame victime d'un malaise à l'aéroport de Lanzarote

Le 9 mars dernier, Jean-François, un habitant de Ransart, a été le témoin direct du malaise d’une dame survenu à l’aéroport de Lanzarote, en Espagne. Il évoque une prise en charge médicale "très compliquée", marquée par de "longues minutes" sans l’intervention des secours. Le gestionnaire de l’aéroport de Lanzarote livre ses explications.

Jean-François, originaire de Ransart (province de Hainaut), rentrait de vacances à Lanzarote avec sa compagne lorsque, dans le hall d’embarquement de l’aéroport César Manrique-Lanzarote (Espagne), il a été confronté à une scène qu’il n’oubliera pas de sitôt.

"Une dame était à terre, elle avait perdu connaissance. Elle ne parlait pas français. Son mari était en état de choc", raconte-t-il. Alerté par la situation, Jean-François décide d’intervenir. "J’ai jeté mes valises et je me suis précipité vers elle. Autour de nous, personne ne bougeait."

Le Ransartois prend les devants en mesurant le pouls de la dame, et en interrogeant son mari pour pouvoir apporter l'aide nécessaire.

"Je ne suis pas médecin. Je le précise car le personnel disait qu’il fallait me laisser faire en disant que je suis médecin. J’ai hurlé que je n’étais pas médecin, car ils auraient pu décharger la responsabilité sur mon dos", estime Jean-François. "Le mari de cette dame m’a dit qu’il ne comprenait pas pourquoi sa femme était tombée d’un coup. Il était dans tous ses états, tétanisé...Il ne savait pas quoi faire."

Jean-François réclame alors un défibrillateur et appelle les secours: "J’ai demandé à ma femme de téléphoner aux secours pour qu’ils viennent au plus vite. J’ai demandé un défibrillateur, car on ne sait jamais. La dame perdait connaissance, et puis tout d’un coup elle revenait à elle. Elle avait mal et elle paniquait. Je me tenais prêt à faire un massage cardiaque."

27 minutes avant l’arrivée des secours 

Durant de longues minutes, Jean-François dit s'être senti "seul" car aucun membre du personnel des services de secours ne s'est présenté, et "aucun défibrillateur n'était à portée de main". 

Ce n’est qu’après "27 minutes que les secours arrivent sur place". La dame est évacuée en chaise roulante vers un centre hospitalier. Depuis, Jean-François n’a plus eu de nouvelles. "C’est la dernière image que j’ai de cette dame. Le mari m’a remercié en pleurant. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue. Je n’en ai pas dormi durant une semaine. J’espère que tout s’est bien passé pour elle. C’est tout ce que je souhaite. Quelques semaines plus tard, ça me touche encore."

Les services de secours occupés sur "une autre urgence"

Le gestionnaire aéroportuaire espagnol Aena confirme de son côté qu’un malaise a été signalé ce soir-là. L’aéroport aurait été informé à 19h30 et le service de secours aurait été "immédiatement" mobilisé. Mais, il était alors "occupé sur une autre urgence". Le 112 a été également activé en parallèle. Les secours seraient ensuite arrivés à 19h44 (à l'endroit où la dame a fait un malaise), suivis de près par ceux du 112, une minute plus tard.

Concernant "l’absence de défibrillateur" évoquée par Jean-François dans son témoignage, Aena affirme disposer de cinq appareils répartis dans le terminal, y compris dans la zone d’embarquement où l’incident a eu lieu. "L’aéroport César Manrique-Lanzarote dispose de 5 défibrillateurs répartis dans le terminal (dont 2 dans la zone d’embarquement du Terminal 1, où la passagère a été prise en charge). De plus, tant le service sanitaire que celui de sauvetage disposent également de défibrillateurs portables."

Pour le gestionnaire aéroportuaire espagnol, les protocoles ont été respectés ce jour-là. "Tous les aéroports du réseau d’Aena, y compris celui de César Manrique-Lanzarote, disposent de services garantissant les premiers secours et le transfert vers des centres médicaux, soit grâce à la présence de services sanitaires sur place, soit par l’activation des entités sanitaires locales. L’aéroport César Manrique-Lanzarote dispose d’un service de premiers secours et d’un protocole d’activation du 112." 

Et de conclure: "Aena réaffirme son engagement envers les passagers, les citoyens et tous les employés pour garantir leur sécurité, en respectant la réglementation applicable, y compris la réglementation internationale de l’OACI (Organisation de l’Aviation civile internationale) en matière d’assistance sanitaire aéroportuaire, tant pour les premiers secours que pour les procédures de transfert d’urgence vers des centres médicaux."

Du côté de Jean-François, le ressenti est donc tout autre : "Aucun défibrillateur n’a été apporté. Aucun médecin n’est intervenu. Et il a fallu attendre près d’une demi-heure. C’est inacceptable."

A Liège, le service pompiers formé aux secours médicaux d’urgence

A la suite de cette situation vécue en Espagne, nous avons interrogé le porte-parole d'un aéroport belge afin de savoir ce qui est prévu pour apporter une aide médicale le plus rapidement possible. 

À Liege Airport, par exemple, les missions du service incendie ne se limitent pas à la lutte contre les flammes. "L’ensemble des membres du service incendie de l’aéroport a suivi la formation de secouriste-ambulancier au sein de l’école provinciale agréée EPAMU (École Provinciale d’Aide Médicale Urgente)", indique le porte-parole Christian Delcourt.

Cette formation leur permet d’intervenir rapidement en cas d’incident médical sur le site aéroportuaire. "Les agents du service incendie qui exercent encore une activité de pompier-ambulancier volontaire dans un service de secours agréé respectent les exigences légales de formation continue: 24 heures de recyclage par an, et un renouvellement du brevet tous les 5 ans, nécessaire pour conserver la validité du badge AMU (valable 5 ans)", précise Christian Delcourt.

Quant aux agents qui ne sont plus actifs dans un service agréé 112, l’aéroport a mis en place une formation spécifique de 64 heures intitulée "Ambulancier d’aéroport". "Celle-ci vise à requalifier les collaborateurs aux gestes de secourisme aéroportuaire, à les préparer à la prise en charge de pathologies spécifiques à cet environnement, à les former à la préparation du matériel médical (un recyclage annuel de 16 heures est également prévu pour maintenir ces compétences à jour)", poursuit le porte-parole de l'aéroport.

Une ambulance est présente sur place pour l’intervention, mais pas pour le transport vers les hôpitaux. "Il est important de préciser que le service incendie de Liege Airport n’effectue pas de transports vers les hôpitaux, sa mission étant exclusivement centrée sur l’intervention de première ligne sur le site aéroportuaire", souligne Christian Delcourt. "Toutefois, le service dispose d’une ambulance entièrement équipée, répondant aux standards des ambulances agréées 112, afin d’assurer une prise en charge rapide et efficace en attendant l’arrivée des services externes compétents."

De son côté, le service presse de l'aéroport de Bruxelles évoque le dispositif présent au sein de ses installations: "Il y a un médecin et une infirmière d'urgence, une ambulance avec 2 pompiers-ambulanciers, un centre médical auquel les voyageurs, les visiteurs et le personnel peuvent s'adresser en cas de problèmes médicaux (24 heures sur 24), un vaste réseau d'environ 40 défibrillateurs et un vaste équipement de secours (médical)."  

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