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"Ce n’est pas un luxe, c’est un moyen de me protéger": Maxime dénonce le coût du vaccin dont il a besoin

En Belgique, le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV) n'est pas remboursé après 19 ans, un frein financier pour ceux qui souhaitent se protéger contre ce virus à l'origine de plusieurs cancers. Maxime, 30 ans, estime que son coût élevé le prive d’une protection dont il a besoin. Il dénonce une inégalité d’accès et plaide pour une extension du remboursement.

Maxime a contacté la rédaction de RTL info via le bouton orange Alertez-nous pour dénoncer l’absence de remboursement du vaccin contre le HPV (papillomavirus humain) au-delà de 19 ans. Récemment, son médecin lui a "vivement conseillé" de se faire vacciner contre le papillomavirus. Mais à l’âge de 30 ans, il ne peut en bénéficier gratuitement. Et le prix en pharmacie (environ 390 € pour trois doses) lui semble prohibitif. "Ce vaccin n’est pas un luxe, nous écrit-il, c’est un moyen de me protéger contre des risques de santé qui, bien que silencieux aujourd’hui, pourraient être dévastateurs à l’avenir".

Le HPV, un virus très répandu

Le papillomavirus humain (HPV) est un virus qui existe sous différentes formes, avec plus d’une centaine de types identifiés.

Près de 80 % de la population est infectée par un type de HPV au cours de sa vie. Dans la plupart des cas, le virus est éliminé naturellement sans entraîner de complications.

Le papillomavirus se transmet non seulement par la pénétration, mais aussi par le sexe oral ou les caresses. Le préservatif ne constitue pas une protection efficace à 100 % contre ce virus.

Certains types d’HPV provoquent des condylomes (petites excroissances bénignes), d’autres sont à l’origine de cancers.

Une prise de conscience que le HPV concerne aussi les hommes

Traditionnellement, on associe le HPV au cancer du col de l’utérus, qui reste la première cible de la vaccination. Mais chez l’homme, le papillomavirus peut aussi provoquer des cancers (bouche-pharynx, anus, pénis). Un tiers des cancers liés à l’HPV se déclarent chez l’homme.

Au départ, la vaccination ciblait exclusivement les jeunes femmes pour lutter contre le cancer du col de l’utérus. Avec le temps, les études épidémiologiques ont mis en évidence l’enjeu que représente l’HPV chez les hommes, notamment ceux vivant avec le VIH. Une prise de conscience qui a mené à l’extension de la vaccination aux garçons.

Deux types de vaccins disponibles

Il existe actuellement en Belgique deux vaccins contre l’HPV :

  • Le vaccin bivalent (Cervarix), qui cible deux souches responsables de 70 % des cancers du col de l’utérus (HPV 16 et 18).
  • Le vaccin 9-valent (Gardasil 9), qui protège contre neuf souches différentes, couvrant ainsi 90 % des cancers du col et incluant les souches à l’origine des condylomes (HPV 6 et 11).

Plus on se fait vacciner tôt, plus la protection est efficace, car on limite le risque d’avoir déjà été en contact avec le virus. Les études montrent que la meilleure stratégie de santé publique est de vacciner tous les adolescents avant leurs premiers rapports sexuels.

"Quand on est vacciné entre 17 et 30 ans, l’efficacité contre le cancer du col est moins bonne que lorsqu’on vaccine entre 13 et 16 ans", précise le Dr Konopnicki. "Donc, au plus tôt c’est le mieux", résume l’infectiologue. "Mais si on n’a pas eu l’occasion de se vacciner, les études ont montré une efficacité au moins jusqu’à 26 ans".

Vaccination en Belgique : le point avec l’INAMI

Pour faire face à cet enjeu de santé publique, Sandrine Bingen, du service communication de l’INAMI, explique que deux filières de vaccination sont en place en Belgique :

  1. La vaccination gratuite via les programmes des entités fédérées (Fédération Wallonie-Bruxelles, Région flamande). Elle est proposée à l’école ou chez le médecin généraliste pour les jeunes de 13 à 14 ans et pour ceux nés à partir de 2006 qui n’auraient pas pu en bénéficier à temps.
     
  2. La vaccination partiellement remboursée par l’assurance obligatoire soins de santé au niveau fédéral pour certains vaccins (Gardasil 9 et Cervarix) achetés en pharmacie, sur prescription médicale, de 12 à 18 ans inclus au moment de la première injection.

Elle ajoute qu'"Aucun remboursement des vaccins contre les HPV n’est prévu à partir de 19 ans".

Des taux de couverture variables en Flandre, Wallonie et Bruxelles

Le taux de vaccination HPV varie considérablement selon les régions belges. En Flandre, plus de 90 % des jeunes filles et 87 % des garçons sont vaccinés. En Wallonie, ces chiffres sont plus bas, avec 64 % des filles et 56 % des garçons. À Bruxelles, seulement 46 % des filles et des garçons sont vaccinés.

La Fondation contre le Cancer plaide pour une vaccination gratuite jusqu’à 26 ans

Sophie Adam, coordinatrice Presse & Media pour la Fondation contre le Cancer, estime qu’"il serait souhaitable d’élargir l’accès gratuit à la vaccination jusqu’à 26 ans, comme recommandé par plusieurs instances scientifiques internationales".

Cette position rejoint notamment celle du Conseil Supérieur de la Santé, pour qui la vaccination de rattrapage reste conseillée jusqu’à 26 ans.

Les "prépeurs", une population particulièrement à risque

Maxime nous raconte qu’il prend actuellement la PrEP (prophylaxie pré-exposition) pour se protéger du VIH. Pour rappel, la PrEP est une pilule préventive "antisida" destinée aux personnes séronégatives très exposées au VIH.

Les usagers de la PrEP, appelés "prépeurs", sont fortement exposés au risque d'infection par le VIH en raison de facteurs tels que des relations sexuelles non protégées avec des partenaires multiples, l'appartenance à des groupes à risque élevé (comme les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, les personnes trans, les travailleurs du sexe ou les usagers de drogues injectables).

Les "prépeurs" font partie des populations les plus exposées au risque de HPV, souligne le Dr Konopnicki.

"Dans mon entourage, il existe un mythe qui fait que beaucoup pensent que la PrEP protège de toutes les MST", raconte Maxime. "Je me vois donc souvent obligé de rappeler que la PrEP ne protège que du VIH, et qu’il est important de se protéger contre d’autres MST également".

Le Dr Konopnicki nous confirme la pertinence d’un remboursement du vaccin 9-valent contre le HPV pour ce segment de population.

La vaccination HPV particulièrement indiquée pour les porteurs du VIH

Les personnes qui vivent avec le VIH sont également une partie de la population pour laquelle le vaccin 9-valent contre le HPV est recommandé.

"L’HPV et le VIH font très bon ménage (…) Quand vous êtes séropositif, vous avez plus de risque d’être infecté par le HPV", explique le Dr Konopnicki.

Pour les personnes qui vivent avec le VIH, le Docteur Konopnicki plaide pour un remboursement prolongé possible jusqu’à 40 ans (comme en Grande-Bretagne). Ou au moins jusqu’à 26 ans. "C’est en cours de discussion avec le gouvernement", indique l’infectiologue.

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