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« Ces pigeons ne sont pas des nuisibles » : Myriam s'inquiète face à une décision prise par la commune de Bouillon

Myriam, résidante du centre-ville de Bouillon, soutient la cause animale, et elle se dit "scandalisée" par les propos tenus par un agent communal dans le cadre de la gestion des problèmes d’hygiène causés par les pigeons. La bourgmestre de Bouillon, Marie-Julie Nemery, tient à rectifier le "vocabulaire employé", tandis que l’association Natagora apporte ses éclaircissements sur les méthodes de régulation des populations de pigeons.

Myriam, une habitante de Bouillon, vit dans une petite maison dotée d’une cour intérieure très prisée par les pigeons. Chaque jour, elle les voit se poser, roucouler, et laisser leurs fientes un peu partout. Mais contrairement à d’autres habitants, elle ne réclame pas leur disparition. "Ce n’est pas très propre, c’est vrai, mais je suis surtout choquée par les propos du constatateur communal qui parlait 'd’éradication' des oiseaux'", confie Myriam. La Bouillonnaise souhaiterait comprendre quelles sont les véritables solutions envisagées par les instances communales.

Ces dernières semaines, la question de la prolifération des pigeons dans le centre-ville est revenue avec insistance sur la table du collège communal de Bouillon. En cause : une insalubrité croissante, due notamment aux déjections des volatiles.

Face à la multiplication des plaintes, la bourgmestre Marie-Julie Nemery a voulu agir rapidement. "La présence de nombreux pigeons est une réelle problématique sur certains endroits localisés du centre-ville. Il s’agit de salubrité publique", explique-t-elle. Mais elle rectifie le terme utilisé par un agent communal: "Il ne s’agit pas d’éradication, mais bien de régularisation."  

Qui sont les pigeons concernés ?  

L'oiseau concerné est le pigeon biset, souvent appelé "pigeon des villes". "Il provient d’oiseaux échappés de pigeonniers ou de concours, et s’est naturalisé dans les zones urbaines, en particulier au nord de la Wallonie", indique Natagora. L'association de protection de la nature active à Bruxelles et en Wallonie précise également qu'"il a été introduit et ne figure donc pas parmi les espèces protégées."

Ce pigeon se distingue par ailleurs par sa capacité à s’adapter et à se reproduire. "Un couple peut pondre toute l’année, avec une maturité sexuelle à six mois. Cela crée une explosion démographique dès qu’il y a un abri et de la nourriture à disposition, et les villes réunissent ces deux critères", indique un rapport de Natagora sur le sujet.  

Une régularisation encadrée  

Bouillon n’échappe donc pas à la prolifération du pigeon biset. "La situation dans le centre-ville est réellement préoccupante et nécessite une intervention", confirme la bourgmestre. Le collège communal a donc amorcé les démarches face au problème grandissant.

"La commune de Bouillon a lancé un marché public pour confier la mission à une société spécialisée, avec un budget de 2.800 €", précise la Ville.

Cette régulation se déroulera dans le respect de certaines règles et mesures, afin de veiller au bien-être animal. "Capture via des cages spécifiques, relâchement dans des zones adaptées, et gestion rigoureuse des opérations. Le prestataire devra inspecter les cages tous les deux jours et tenir un registre complet des captures. Il est expressément interdit de porter atteinte à d’autres espèces", précise la commune dans son rapport.   

Si Bouillon mise sur cette forme de régulation, d'autres villes européennes, comme Barcelone ou Paris, ont adopté des approches dites "douces". "À Barcelone, l’utilisation de graines contraceptives a permis une réduction de 24 % de la population en une seule année. À Paris, on privilégie les pigeonniers urbains où les œufs sont stérilisés. Ces méthodes ont l’avantage de respecter les animaux tout en limitant leur nombre", résume Natagora.

En revanche, l’éradication ou l’euthanasie massive, encore pratiquées dans certaines communes, sont jugées inefficaces à long terme. "Réduire une population de pigeons revient à comprimer un ressort démographique : dès qu’on arrête, ils reviennent", avertit l'association. Des solutions "éthiques" sont donc d’application dans d’autres villes. Ixelles avait déjà fait appel à la méthode des graines contraceptives.

Des oiseaux à leur place ?  

Cette situation soulève des questions plus larges : comment cohabiter avec la faune urbaine ? Faut-il "bannir" les pigeons ou apprendre à vivre avec eux ?

Pour Myriam, la réponse est claire : "Ce ne sont pas des nuisibles, ce sont des êtres vivants. On doit faire les choses intelligemment." Un avis que partage la bourgmestre de Bouillon : "Nous devons absolument garder un équilibre entre la gestion de cette problématique et le bien-être animal auquel nous sommes attentifs." 
 
La commune entame donc une première phase de gestion, à la recherche d’un compromis entre qualité de vie pour les habitants et respect de la biodiversité urbaine. Comme le rappelle Natagora, "les pigeons font partie du paysage urbain."

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