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C’est une situation qu’il aurait préféré ne jamais vivre. Patrick, 66 ans, se rend au cimetière comme à son habitude, pour rendre hommage à son épouse Diane. « J’allais me mettre en face de la plaquette, je lui parlais même », nous confie-t-il après avoir appuyé sur le bouton orange Alertez-nous. Devant la stèle commémorative où une centaine de noms se côtoient, il reste sans voix.
« Je rêvais. Elle n’y était pas et il y avait un autre nom. J’étais estomaqué et dans une colère inimaginable ». Dans une grande détresse, le retraité et vétéran de l’armée considère tout de même l’hypothèse de l’accident : « Ce n’est pas par terre, j’ai fouillé à tous les endroits, elle n’y est pas. Je ne suis pas cardiaque heureusement », lance-t-il entre le ton de l’humour et de l’indignation.
Le sexagénaire rentre chez lui, résigné : « J’étais dépité, je ne savais plus quoi faire », reconnaît Patrick.
C’est difficile à comprendre
Plus tard, il apprendra que la plaquette commémorative, qui avait été placée après le décès de son épouse, il y a seulement dix mois, a été remplacée sans aucune information préalable. Très remonté, Patrick ne décolère pas face à ce qu’il considère comme un manque de respect : « C’est difficile à comprendre, il n’y a que 10 mois qu’elle est décédée. Je suis vraiment indigné. Je trouve ça honteux qu’on traite les morts de cette façon ». déplore-t-il.
Une stèle saturée
Véronique Levieux, échevine en charge de la population et de l’état civil d’Evere, apporte des précisions sur la gestion des stèles commémoratives. Elle explique que ces plaquettes sont réalisées gratuitement par les services de la commune et sont placées « momentanément, à titre de repère commémoratif ».
Selon l’échevine, « depuis la période de la COVID, et en raison du nombre croissant de dispersions, il arrive qu’une fois la stèle complète, certaines plaquettes plus anciennes soient retirées pour permettre la pose des nouvelles ». Elle ajoute que « l’intensification de l’activité du crématorium d’Evere depuis le début de l’année 2024 a entraîné une augmentation importante du nombre de dispersions », nécessitant un renouvellement plus fréquent.
Cependant, Véronique Levieux reconnaît qu’une « erreur ponctuelle a effectivement été constatée : une plaquette a été retirée avant d’autres, plus anciennes », faisant ainsi allusion à la situation de Patrick. Elle assure que le proche concerné a reçu une réponse personnelle et que la commune comprend « pleinement l’émotion que ce type de situation peut susciter ».
La plaquette restituée
Deux solutions ont été proposées à Patrick : replacer la plaquette sur la stèle, mais sans garantie de durée de maintien ou récupérer la plaquette afin qu’il puisse la conserver.
Une autre famille va vivre la même chose que moi
« C’est cette deuxième option qu’il a choisie », confirme l’échevine Levieux. Patrick se justifie : « J’ai dit non, rendez-moi ma plaque », expliquant que s’il acceptait la première solution, « c’est une autre famille qui va vivre la même chose que moi ».

L’homme n’est pas un cas isolé, selon ses dires : « J’ai une amie qui a son mari qui est décédé il y a un mois, et elle a vécu la même chose, elle n’a pas été prévenue. »
Des changements annoncés
Si l’échevine Véronique Levieux n’a pas eu vent d’un autre cas comme celui de Patrick, elle indique que des mesures sont prises pour éviter que ce genre de situation se reproduise : « Nos procédures sont en cours d’adaptation », dit-elle.
Trois changements majeurs sont annoncés :
- L’installation d’un panneau d’information près de la stèle pour rappeler le caractère temporaire des plaquettes.
- La mise à jour du règlement communal pour y intégrer cette précision.
- La création de la pelouse de dispersion du crématorium qui comprendra « deux nouvelles stèles », ce qui, selon l’échevine, « permettra de mieux répartir les hommages et d’assurer plus de stabilité à l’avenir ».
Aller de l’avant
Avec la plaquette en sa possession, le vétéran peut enfin aller de l’avant. Patrick espère faire un peu d’ordre chez lui : « Pour le moment, je la garde avec les photos de mon épouse, mais je veux réorganiser un coin pour elle, avec des photos et des objets de mariage, près de mon bureau », conclut-il.
















