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Grève de la faim des sans-papiers: les partis du gouvernement ont-ils peur de l'extrême-droite?

Des sans-papiers ont commencé à occuper l'église du Béguinage à Bruxelles fin janvier, puis également les réfectoires de l'Université libre de Bruxelles (ULB) et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) début février pour réclamer l'élaboration de critères clairs de régularisation, tenant par exemple compte du travail et de l'ancrage des personnes dans le pays. Le groupe rassemble quelque 475 personnes (en comptant les enfants) parmi lesquelles une soixantaine de femmes, selon l'estimation de représentants des sans-papiers. Dans ce groupe, environ 430 individus se sont mis en grève de la faim le 23 mai dernier et leur état se détériore de jour en jour.

Le gouvernement ne veut pas d'une régularisation collective

Le gouvernement refuse d'accéder à la demande des grévistes, estimant que les régularisations de sans-papiers doivent se faire sur base de dossiers individuels et non pas de façon collective. La crainte est qu'une régularisation massive de sans papiers crée un appel d'air et pousse de nombreux migrants à venir en Belgique. "Il n'y aura pas de régularisation collective et celui qui donne de l'espoir aux grévistes de la faim jette de l'huile sur le feu", a déclaré récemment le secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V).

De 100.000 à 150.000 personnes sont sans-papiers sur le territoire belge, selon une estimation faite à partir d'un croisement de données, tirées notamment de l'aide médicale urgente et de syndicats. 

La décence aurait voulu qu'une partie du gouvernement se rende sur place pour rencontrer ces personnes

Ce matin, Mehdi Kassou, porte-parole de la plate-forme citoyenne de soutien aux réfugiés, très ému par l'état de santé des grévistes de la faim, a répondu aux questions de Fabrice Grosfilley sur Bel RTL à propos d'une situation qu'il juge "vraiment dramatique". Il a reproché au gouvernement un "manque de décence", considérant qu'au moins une partie des ministres et secrétaires d'Etat devrait venir voir les grévistes de la faim. "La décence aurait voulu qu'une partie du gouvernement se rende sur place pour rencontrer ces personnes et peut-être leur dire en face ce qu'elle en pense réellement", a-t-il dit, regrettant un "silence morbide". "Il faut que tout le monde se réunisse autour de la table et comprenne qu'il y a des vies humaines en jeu", a-t-il demandé. 

La crainte d'un "coup de pouce" à la N-VA et au Vlaams Belang ?

Mehdi Kassou déplore que les partis du gouvernement, tant francophones que néerlandophones, soient dans une position trop attentiste de peur que certaines de leurs décisions n'entraînent le départ d'électeurs vers la N-VA ou le Vlaams Belang. "J'ai un peu l'impression que tous les partis pensent avec le fantôme de la N-VA et du Vlaams Belang dans la pièce. Tout le monde pense que nos voisins du nord sont fondamentalement racistes et ne peuvent pas comprendre et donc que tout positionnement sur la migration risque de devenir un coup de pouce au Vlaams Belang et à la N-VA", a-t-il dit.

Des sans-papiers parfois en Belgique depuis plus de 10 ans

Pour le porte-parole de la plate-forme citoyenne de soutien aux réfugiés, il faut mettre en place des critères de régularisation plus clairs et tenir compte du nombre d'années depuis lesquelles certains sans-papiers sont installés dans notre pays. Parmi les grévistes, certains sont en Belgique depuis 5, 10, 15 et jusqu'à plus de 20 ans et ont fait leur vie ici, ayant un travail et des enfants, a fait remarquer Mehdi Kassou, constatant que ces gens travaillent au noir alors qu'on manque de main d'oeuvre dans de nombreux domaines, en particulier en Flandre.

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