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C’est une première dans l’histoire : un roi ayant abdiqué raconte sa vie, ses décisions politiques, ses regrets et ses blessures. Dans Réconciliation, Juan Carlos livre sa vérité, à travers les mots de Laurence Debray, qui l’a longuement côtoyé à Abu Dhabi, là où il vit un exil volontaire depuis 2020.
« Il est isolé, très loin de sa famille et de ses amis », raconte l’autrice. « Mais il ne se plaint pas. Il a cette rigueur très militaire, cette capacité à tout endurer avec grâce. »
Partir pour protéger la Couronne
Juan Carlos a choisi lui-même de quitter l’Espagne, après une série de scandales financiers ayant terni son image. Mais ce départ n’a rien d’un abandon, selon lui. Il s’agissait d’un geste fort pour préserver la légitimité de son fils Felipe VI, devenu roi en 2014 et éviter d’endommager davantage la Couronne.
« Il est quand même loin de ses racines, de son royaume, mais il vit dans de bonnes conditions et il ne veut absolument pas déranger son fils. », explique Laurence Debray. Aujourd’hui, il n’a plus de logement à Madrid et ne peut même plus passer la nuit au palais royal. À 87 ans, celui qui a joué un rôle clé dans le retour de la démocratie espagnole vit simplement… mais loin de tout.
Des liens familiaux distendus
Les pages du livre évoquent aussi les tensions et les silences familiaux. La reine Sofia ne vient pas le voir. Ses filles, elles, passent de temps en temps. Mais l’éloignement est autant affectif que géographique. Avec Felipe, il distingue « le fils et le roi » : il comprend qu’il agit froidement en tant que roi pour le bien de la couronne.
Quant à la reine Letizia, les relations semblent simplement « froides », sans affrontement ouvert.
Une vie entre grandeur et scandales
Le livre revient évidemment sur les grands moments de l’Histoire : son rôle clé dans la transition démocratique après Franco, la Constitution espagnole de 1978, les relations clandestines avec le Parti communiste avant même la fin de la dictature…
Mais aussi sur les zones d’ombre. Les affaires, les millions venus du Golfe, la fameuse escapade au Botswana avec la princesse Corinna. Des sujets sensibles que le roi ne fuit pas : « Ce n’est pas quelqu’un qui regrette mais qui assume, il sait qu’il a commis des erreurs et le reconnaît publiquement », affirme Debray. Et le prix à payer est lourd : l’isolement, la fin d’un règne dans la solitude.
Des retours en Espagne discrets
Quand Juan Carlos revient en Espagne, ce n’est pas pour la politique, mais pour le sport. Passionné de voile depuis toujours, il participe encore à des régates. « C’est le seul endroit où il se sent libre », glisse Laurence Debray. Il y retrouve un peu de paix, loin des projecteurs.
Pour éviter toute polémique, il passe par Lisbonne, sans transiter par Madrid. Il reste discret, fidèle à son image : celle d’un homme désormais à l’écart, mais toujours debout.
Réconciliation, de Juan Carlos Ier d’Espagne avec Laurence Debray, est disponible aux éditions Stock.
