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« Une amie l’a retrouvé à moitié par terre et dans son urine » : le père d’Arnaud décède après une chute dans une résidence-service, il a fallu 21 heures pour que les secours soient avertis

Par RTL info avec Benjamin Samyn et Gaetan Zanchetta
Willy, 72 ans, est décédé deux semaines après une chute non prise en charge dans une résidence-service. Son fils dénonce une série de manquements graves et a décidé de porter plainte.

À la fin du mois de mars, Willy, âgé de 72 ans, perd la vie à l’hôpital à la suite de complications post-opératoires. Quelques jours plus tôt, il avait fait une lourde chute dans son appartement d’une résidence-service. Il aura fallu près de 21 heures avant que les secours ne soient alertés. Son fils Arnaud dénonce aujourd’hui une négligence grave et a décidé de porter plainte.

Une chute ignorée pendant près d’une journée

Le 27 mars à 16h28, Willy actionne son bouton d’appel après une chute dans son logement. « Le personnel soignant de la résidence est venu pour le remettre dans son fauteuil, mais ils n’ont pas fait les soins nécessaires », dit Arnaud, son fils. « Ils ont juste remis un pansement sur son bras. Ils l’ont laissé comme ça, ils ont éteint la télévision et ils sont partis. »

La suite se déroule plusieurs heures plus tard. « Une amie de la famille, qui lui rend visite chaque soir, l’a retrouvé dans le noir, dans son urine, à moitié par terre, et se plaignant de fortes douleurs à la hanche », raconte Arnaud Baleine. Willy souffrait en réalité d’une fracture du col du fémur. Ce n’est que le lendemain matin qu’une infirmière indépendante, venue pour sa toilette quotidienne, le retrouve dans un état préoccupant. « Il était toujours dans son urine, incapable de bouger », se souvient Arnaud. L’infirmière appelle immédiatement la famille. Vers 13h, Arnaud et son frère arrivent sur place et découvrent leur père toujours souffrant. Les secours sont finalement appelés et interviennent rapidement.

Un décès évitable ?

Transporté à l’hôpital, Willy est opéré, mais il décède 14 jours plus tard d’une infection du sang. Une complication post-opératoire qui, selon son fils, aurait pu être évitée si la prise en charge avait été immédiate. « Le personnel de soins aurait dû constater la gravité de la chute et prévenir les secours », estime-t-il.

Sa plainte vise directement la résidence-service, un type de structure censée garantir un cadre sécurisé aux personnes âgées encore autonomes, notamment grâce à des systèmes d’alerte.

Une structure sous pression

La direction de la résidence-service a réagi : « La résidence service est destinée à des personnes autonomes ou légèrement dépendantes. Elle n’offre pas une surveillance permanente par du personnel soignant, contrairement à une maison de repos. »

« On sait que la pression dans ces établissements est énorme, pour les infirmières comme pour les aides-soignantes », dit Lara Kotlar, porte-parole de l’AVIQ.

Nous avons contacté une une professionnelle du secteur actuellement en burn-out. « Normalement, on est quatre dans un étage », dit-elle. « On se retrouve à deux à l’étage pour s’occuper d’une trentaine de résidents. Donc c’est chaud. Il m’est déjà arrivé d’être seule pour gérer 33 résidents. »

Une action en justice attendue

Pour Arnaud, cette surcharge de travail ne saurait justifier l’inaction. Il espère que la justice se saisira de l’affaire. Les faits pourraient être requalifiés en « homicide involontaire », si un lien direct est établi entre la négligence et le décès. Une autre qualification possible serait celle de « non-assistance à personne en danger », explique Olivier Dupont, son avocat.

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