"Il y a un risque que les délinquants prennent le pas sur notre société": la Justice manque toujours de moyens pour agir et cela a des conséquences

Ce mercredi soir dans le RTL info Signatures, le procureur du Roi de Bruxelles Julien Moinil expliquait qu'il se sentait victime "d'une escroquerie de la part du gouvernement". Il considère que l'engagement de personnel pour la Justice qui était promis n'arrive pas. 

À notre micro, Denis Goeman, juge au tribunal correctionnel de Bruxelles est revenu sur ces déclarations en expliquant notamment ce qu'il manquait en termes de personnel et de moyens. "Si je devais vous dire le nombre de personnes qui manquent, je pense qu'on n'aurait pas fini à la fin de votre journal", explique-t-il dans le RTL info 13h. "Ce que je peux vous dire, c'est qu'à la fois la police fédérale crie un manque criant de moyens depuis des années, mais le personnel judiciaire aussi. Il ne faut pas oublier qu'un magistrat, un juge, n'est rien sans un greffier. Or, ça fait déjà depuis de nombreux mois que le tribunal est en manque de greffiers et qu'il doit en réalité, avec les moyens du bord, déplacer des greffiers en fonction des urgences. Mais ce n'est évidemment pas une solution pérenne et ça va engendrer des retards dans les différentes juridictions".

Est-ce toutefois possible de faire avancer la justice sans infliger des délais très longs aux justiciables malgré ces manques de moyens ? "Toute la société est touchée par ça, parce que quand le procureur du Roi dit qu'il n'y a pas assez de policiers pour pouvoir mener des enquêtes, ça veut dire qu'il y a évidemment plus de délinquants dans la nature. Si les moyens au niveau judiciaire ne sont pas remplis, au niveau des narcotrafiquants par exemple, ils vont prendre de plus en plus de place puisqu'eux, ils ont les moyens, ils ont de l'argent. Le procureur du Roi l'a rappelé, ce sont des dizaines de millions par mois qu'ils touchent grâce à leur trafic et donc si nous ne mettons pas les moyens nécessaires pour contrer cela, ils vont petit à petit prendre le pas sur notre société et le risque de basculer dans un narco-état devient de plus en plus réel", alerte pour finir le juge.