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Au chapitre judiciaire, lors du procès de trois ultras de Charleroi, reconnus coupables d’avoir tué un homme en 2018, les débats ont pris une tournure inattendue, notamment avec une lettre écrite par le papa de la victime. Cet après-midi, la peine des trois supporters est tombée.
Nous vous avions parlé de ce procès d'assises concernant un groupe d'ultras de Charleroi jugés pour la mort d'un homme en 2018 : ce dernier avait été tabassé mortellement sur un parking. Ils ont été reconnus coupables de meurtre vendredi.
Ce matin, alors que le débat sur les peines était au programme, il a pris une tournure tout à fait inattendue. Alors que le ministère public avait demandé des peines de 5 ans avec sursis pour les trois supporters, une annonce étonnante a été faite, celle d'une lettre écrite par le papa de la victime.
Dans cette lettre, il explique avoir été satisfait par le fait que les trois supporters aient été reconnus coupables de meurtre vendredi. Mais pour lui, il n'y a pas de raison de les renvoyer en prison.
Pour ce papa, les trois hommes, dont certains sont devenus pères de famille, travailleurs actifs et qui ont déjà passé quelques mois derrière les barreaux, "ne doivent pas y retourner", dit-il.
Yannick Balsarini, l'avocat de la famille de la victime, explique à propos de cette lettre : "Ça fait 15 ans que je suis avocat, c'est la première fois que je suis confronté à une personne d'une résilience aussi incroyable que M. Clynhens. Il voulait que la vérité judiciaire soit dite, mais il ne réclamait rien d'autre que la justice — la justice pour ces jeunes, m’a-t-il dit. (...) Il ne voyait pas, lui, ce que cela aurait apporté de remettre ces personnes en prison, même si, pour lui, son malheur est permanent. Il n’est pas dans un esprit de vengeance. Je suis à la fois très fier et très ému par ses propos et ce qu’il m’a confié".
Ce procès pourrait ainsi devenir celui de la rédemption et le jury va rendre sa décision dans l'après-midi. Pour l'avocat d'un des supporters, c'est quelque part de l'humanité accordée à l'égard de ceux qui n'en ont pas eu pour leur fils.
"C'est le symbole de l'humanité. Je pense qu'on ne peut pas appeler ça autrement. Il faut une humanité exceptionnelle pour aboutir à ce genre de choses, ainsi que de se dire que ça ne va pas me rendre celui qui était mon proche. En même temps, je concède qu'avec le temps qui s'est écoulé et la vie qu'ils ont menée, ils ont déjà démontré qu'ils étaient aptes à être réintégrés dans une société. Que la partie civile elle-même le dise est exceptionnel, mais je crois que ces gens sont exceptionnels", estime Me Jean-Philippe Mayence.
La peine est tombée
Domenico Biancardi, Donovan Dubucq et Sébastien Meurée ont tous les trois été condamnés à cinq ans de prison, assortis de sursis variables, devant la cour d'assises du Hainaut ce lundi.
Domenico Biancardi est condamné à cinq ans de réclusion. Sa peine est assortie d'un sursis simple de cinq ans pour ce qui excède la détention préventive.
Donovan Dubucq est aussi condamné à cinq ans de réclusion, mais sa peine s'accompagne d'un sursis probatoire de cinq ans pour ce qui excède la détention préventive. Il est le seul des trois accusés pour lequel le risque de récidive a été mis en évidence par les experts psychiatres.
Enfin, Sébastien Meurée est condamné à cinq ans de réclusion avec sursis simple de cinq ans pour ce qui excède la détention préventive. L'avocat général avait requis des peines de cinq ans de prison, assorties d'un sursis, contre les trois hommes jugés plus de sept ans après les faits.

















