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Stacy et Nathalie : 2 prénoms indissociables en cet été 2006. Les 2 petites filles ont disparu un soir de fête. « Ce dossier est exceptionnel, mais à deux niveaux : le premier, c’est que ça se passe à Liège et ensuite, qu’on est presque 10 ans après le début de l’affaire Dutroux », précise Fabrice Gason, ingénieur textile et spécialiste de l’analyse des fibres.
Dès le départ la police engage de gros moyens : elle fouille la Meuse, ratisse le quartier de la disparition et entend les témoins présents ce soir-là notamment au café Les Armuriers où Stacy et Nathalie sont vues pour la dernière fois.
Des témoins évoquent un gars « bizarre et inquiétant », le petit ami de la serveuse du café, déjà condamné puis interné pour faits de mœurs… et il vit dans le quartier.
« Les enquêteurs trouvent suspect qu’il ait disparu vers 1h30 du café, heure à laquelle les enfants se sont volatilisés et que depuis, il n’a plus été vu dans son domicile », note Anne Bourguignon, procureure du roi.
Le parquet diffuse les images du suspect et l’inattendu se produit : Abdallah Ait Oud se rend à la police comme s’il ne craignait rien… car il nie toute implication.
Des fouilles reprennent alors et ces recherches-là aboutissent le 28 juin : les corps des 2 petites filles sont découverts dans un collecteur d’eau. Elles ont été étranglées. « Les corps sont immergés dans l’eau, donc cela devient plus compliqué en termes de police technique, il reste alors l’exploitation des microtraces qui se fait en regardant les bandes qui étaient sur les victimes ».
Faute d’ADN utilisable, Fabrice Gason et son équipe collectent les fibres, les poussières, les pollens, tous ces micro-indices qui subsistent sur les vêtements et les corps des 2 enfants mais aussi du principal suspect. Les effets d’Abdallah Ait Oud ont été retrouvés à son domicile… et ils ont été lavés.
Sur le pantalon d’Ait Oud, une épaisse fibre bleu attire l’attention de l’expert : pour lui, ce sont des fibres d’une éponge à récurer, et des indices sont trouvables sur celle-ci si le suspect l’a utilisée. Fabrice Gason demande alors au chef d’enquête de retourner dans la cuisine du suspect… et son intuition est la bonne « Deux heures après, on me dit qu’on a retrouvé la fameuse éponge et on retrouve des fibres du pantalon de Nathalie sur cette éponge », explique l’expert.
Les végétaux aussi vont parler et prouver qu’Abdallah Ait Oud ment. Avant d’exposer ses résultats déterminants devant la cour d’assises, Fabrice Gason sera invité à les expliquer au suspect. « Afin de lui montrer que ses déclarations ne sont pas en raccord avec ce qu’on a découvert », précise-t-il.
Abdallah Ait Oud n’avouera jamais mais la science l’a confondu. Le 12 juin 2008, il est condamné à la peine la plus lourde avec une mise à disposition du tribunal d’application des peines pendant 10 ans.















