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Installée à Baillonville (Somme-Leuze), l’entreprise Belga Solar est l’unique fabricant de panneaux photovoltaïques en Belgique. Son patron, Sébastien Mahieu, invité du 7h50 de bel RTL Matin, alerte sur le manque de volontarisme des pouvoirs publics wallons face à une concurrence chinoise qu’il juge déloyale.
Produisant jusqu’à 200.000 panneaux par an avec 26 collaborateurs, l’entreprise se positionne comme un acteur essentiel dans la transition énergétique et la réindustrialisation de la Belgique. Pour Sébastien Mahieu, l’enjeu est stratégique : « Nous, ce qu’on veut faire, c’est accompagner nos clients dans la transition énergétique, mais également en réindustrialisant la Belgique, en participant, et puis tout ça en développant la filière photovoltaïque européenne, ce qui est vraiment important. »
Le fabricant souligne que cette production locale est une question de souveraineté : posséder une filière de production belge est crucial pour éviter une dépendance totale, comme celle observée pour les masques durant la crise du Covid.
Des marchés publics qui favorisent la Chine
La principale difficulté de Belga Solar réside dans la concurrence frontale avec la Chine, dont la tactique serait de vendre à perte pour éliminer la compétition européenne.
Sébastien Mahieu s’appuie sur une enquête indienne pour illustrer l’ampleur du problème : les fabricants chinois « produisent à 100 et vendent à 55 ». Le patron explique la stratégie derrière ces prix cassés : il s’agit d’un « investissement pour prendre les volumes ». Selon sa théorie, les prix pourraient remonter, une fois le marché monopolisé par les entreprises de panneaux photovoltaïques chinois.
Zéro revenu qui vient en Belgique
Face à cette menace, Sébastien Mahieu dénonce l’attitude des organismes publics wallons, pour qui le prix semble être le seul critère d’achat : « Malheureusement, au niveau des pouvoirs publics, ça manque un petit peu de volonté aujourd’hui d’aller acheter Wallon, d’aller promouvoir les produits locaux et la production locale ».
Le fabricant est formel : « Ici en Wallonie, à partir du moment où on ne met que le critère prix dans les marchés publics, on est certain qu’on va avoir des panneaux chinois », déplore-t-il.
Un manque de « chauvinisme industriel »
Sébastien Mahieu souligne que l’achat de produits chinois a un double impact négatif pour la Wallonie. Non seulement la région manque l’opportunité de développer son industrie, mais l’achat de panneaux chinois génère « zéro revenu qui vient en Belgique », en l’absence de droits de douane. « Quand on voit en Wallonie, quand on met 100 dans un marché public, on a 40 qui restent en Wallonie et on a 60 qui partent de Wallonie. En Flandre, c’est exactement l’inverse », avance-t-il.
Ce manque de « chauvinisme industriel » est, selon le patron de Belga Solar, une erreur stratégique. Bien que l’entreprise ait récemment remporté un marché fédéral (pour un projet réalisé près de l’aéroport de Zaventem), le soutien du côté wallon reste insuffisant.
Pour survivre, Belga Solar mise sur l’innovation, la diversification et le développement de produits spécifiques, notamment les panneaux solaires plug and play, un marché émergent et très rentable pour les particuliers.















