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« On travaille 7 jours sur 7 » : les politiciens doivent-ils avoir eu une expérience dans le monde du travail avant d’entrer en politique ?

Par RTL info avec Benoit Duthoo et Pascal Noriega
Selon notre grande enquête « La Fracture », ce qui est souvent reproché aux élus, c’est d’avoir peu, voire… pas du tout d’expérience dans le monde du travail. Alors, est-ce vraiment le cas ? Et si oui, est-ce un problème ?

Yvan Verougstraete, président des Engagés, est en politique depuis trois ans seulement, après une carrière de 25 ans dans le secteur privé. D’abord dans des chaînes de magasins, ensuite dans la préparation de plats préparés, avant de finalement fonder Medi-Market.

« Est-ce que cela me sert d’avoir fait ça ? Oui, évidemment, parce qu’en politique, peut-être un des dangers, c’est qu’il y a énormément de juristes, de gens qui ont fait Sciences Po. Je pense que c’est pas mal d’amener aussi un angle peut-être un peu plus économique, un peu plus stratégique. Chacun apporte sa pierre et moi, c’est une des pierres que j’essaye d’apporter : la gestion, lire un bilan, se dire ‘mais quelle pourrait être notre stratégie’, la stratégie de la Belgique, de l’Europe, pour réussir dans cette compétition internationale que l’on a ? », détaille-t-il.

Ce genre de profil est rare dans le Parlement, même si de nombreux hommes ou femmes politiques ont travaillé par le passé. Dans notre sondage Ipsos RTL Info, près d’un francophone sur deux estime que nos représentants politiques n’ont trop souvent aucune réelle expérience du monde du travail. « De plus en plus de femmes et d’hommes politiques entrent en politique jeunes et deviennent rémunérés à titre principal comme hommes et femmes politiques. Une certaine proportion ont une expérience associative ou de terrain, mais ils deviennent très rapidement principalement des hommes et femmes politiques. Leur métier au quotidien, c’est du travail parlementaire, dans les assemblées, dans les gouvernements. Les citoyens pourraient avoir l’impression que c’est en dehors du terrain ou du monde réel », note Benoit Rihoux, professeur de science politique à l’UCLouvain.

Sophie Pécriaux, députée wallonne, a travaillé une dizaine d’années en médecine scolaire, mais cela fait maintenant 22 ans qu’elle est députée. « On travaille 7 jours sur 7, on est constamment sur le terrain, on est ici au Parlement, moi je suis arrivée parce que j’ai commission aujourd’hui cet après-midi, demain j’ai commission aussi, mais avant de venir ici, j’étais, ou dans ma commune, ou dans ma fédération politique, ou dans mon arrondissement à la rencontre des gens. Les week-ends, c’est aussi du full-time », détaille-t-il.

Jean-Paul Bastin, lui, est en politique depuis une vingtaine d’années. Député wallon, il est aussi bourgmestre de Malmédy et ce rôle local l’empêche selon lui d’être déconnecté de la vie des citoyens. « Nous sommes aussi des êtres humains, je suis un papa, j’ai deux filles, je vais les voir dans leurs matchs sportifs, je vais lorsqu’il y a des rencontres avec l’association de parents, comme monsieur et madame tout le monde. Simplement ma journée, au lieu d’être dans un bureau, dans une entreprise, ou comme employé ou comme ouvrier, je suis au Parlement ou à l’administration communale. Sinon, j’ai l’impression d’être relativement normal et comme l’ensemble des citoyens », note ce député Engagé.

Faut-il rédiger des règles, imposer une expérience professionnelle avant d’être élu, ou limiter le nombre de mandats ? Un débat difficile, même au sein d’un même parti. « Je pense que les règles pourraient nous aider, nous aider à garantir que la politique ne soit pas une carrière, mais réellement un engagement délimité dans le temps », estime le président des Engagés. « Je pense qu’aussi être un professionnel de la politique n’est pas un gros mot. Je pense qu’à un moment donné, avoir cette expérience, cette expertise, cette connaissance, est aussi quelque chose de positif et que ça se fait sur un temps long », enchaîne Jean-Paul Bastin.

Avoir une assemblée d’élus mêlant l’expérience et la connaissance de la vie réelle des gens, un équilibre qui reste difficile.

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