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En 38 ans de carrière, Michel a connu plusieurs vagues de grèves : 1990, 1996, et celles qui ont lieu depuis le début de cette année. Ce lundi matin, des milliers de professeurs ont entamé des piquets dans les différentes régions du pays. À Liège, Michel participe à une action devant une école, avec d’autres collègues.
« Je trouve surtout ça très triste. Aujourd’hui, on a une troisième vague de grève qui s’annonce relativement importante », souligne Michel. L’enseignant de 62 ans déplore le dénigrement de la profession, notamment par les politiques : « Ça fait 38 ans de ‘vous êtes paresseux’, de ‘vous êtes tout le temps malade’, de ‘qu’est-ce que c’est que ces gens qui ne travaillent que 20 heures’, etc. Et franchement, j’en ai ras-le-bol de ce genre de vision qui est véhiculée en permanence par tous les politiques depuis des années alors que le statut du professeur est essentiel. »
Des critiques qui passent mal
Ce qui dérange surtout Michel, c’est l’hypocrisie : « Il y a ce regard totalement dénigrant, qui ne respecte pas notre travail et qui a l’impression qu’on ne sert à rien, alors que tous les gens qui sont dans des postes actuellement sont tous passés par l’école », s’indigne-t-il.
« Une autre chose qui m’énerve un peu, c’est que tout le monde a l’impression qu’il peut donner son avis sur le métier, sous prétexte que tout le monde a été élève un jour. Sur cette base-là, on croit connaître le métier, on croit savoir ce qu’est, sauf que c’est faux, on ne le sait pas », dénonce Michel. D’ailleurs, le professeur invite ces personnes à venir donner cours à sa place : « Venez voir. Je prie pour que des gens viennent littéralement voir le quotidien d’un enseignant pendant ne serait-ce qu’une journée ou une semaine. Ils verraient ce que c’est vraiment le métier, et ce n’est pas ce qu’on en dit. »
« Des mesures de tous les côtés »
Parmi les mesures qui font débat dans le secteur de l’enseignement : celles qui touchent aux nominations, aux pensions, ou encore celle des deux heures de travail supplémentaires pour le secondaire supérieur. « Pour l’instant, on fait face à une salve absolument phénoménale, il y a des mesures de tous les côtés », dénonce le professeur en colère.
« Au niveau des pensions, le gouvernement dit qu’il s’aligne sur les réformes du fédéral. Réformes qui n’existent pas. Donc, il se pré-aligne sur quelque chose qui n’a même pas encore été voté. Tout ça pour faire des économies », explique Michel. Concernant les 10 % de travail en plus, il souligne que les enseignants « ont répété à l’envie que ce n’était pas deux heures, mais bien cinq à six heures en plus en réalité. Ce qui correspond donc à une demi-journée de travail en plus sur la semaine. »
Il n’y a plus moyen de dialoguer avec le gouvernement
Le professeur, écoeuré, finit par conclure : « C’est vraiment une impression générale qu’il n’y a plus rien qui est pris en considération. Il n’y a plus de concertation sociale, il n’y a plus moyen de dialoguer avec le gouvernement. On sent cette dérive qui veut que l’enseignement soit juste une variable d’ajustement financière. Ce n’est que ça. Mais ça se maquille sous une série de réformes. »
Autant de facteurs qui mettent hors de lui cet enseignant de 62 ans.

















