Accueil Actu Belgique Société

Des lèvres "parfaites", mais à quel prix? Les lourdes conséquences de certaines injections

Le marché de la chirurgie esthétique attire toujours plus. Et ce qui cartonne particulièrement, ce sont les injections dans les lèvres ou sur le visage. L’opération peut sembler simple, mais elle n’est pas anodine et peut même être dangereuse. Les accidents se multiplient. Des jeunes filles sont même récemment décédées.

 

Des images de lèvres sous toutes leurs formes sont massivement diffusées sur les réseaux sociaux. Chacun vante les mérites de ces interventions dites "parfaites". Ces injections dans les lèvres, très populaires, sont parfois proposées à des prix attractifs. Mais il faut être prudent, car il s'agit parfois d'arnaques.

On ne parle jamais des risques

Le danger peut être insoupçonné. Astrid, âgée de 23 ans, a fait appel à un médecin pour des injections de botox dans les lèvres. L'intervention s'est mal passée, une veine a été touchée par erreur. Quatre jours plus tard, la jeune femme est décédée d'une thrombose sinusale. "La pratique est tellement promue... On ne parle jamais des risques. Personne ne sait qu'on peut en mourir, même à 23 ans", déclare sa sœur.

Malgré les risques, ces interventions sont plus populaires que jamais. Pour le constater, il suffit de se rendre dans une clinique esthétique où l'agenda est plein, confirmant ainsi les chiffres mondiaux : le marché de l'esthétique représente près de 21,7 milliards d'euros, dont la moitié est dédiée aux injections. La loi est pourtant claire: seuls les médecins sont autorisés à pratiquer ces interventions.

Une intervention réalisée pas des faux médecins 

La gérante du centre précise que dans son établissement, esthétique et chirurgie sont séparées. Cependant, ce mélange des genres inquiète le milieu médical, qui estime que c'est mal perçu et mal compris par le public. "Quand un médecin travaille dans un centre esthétique, avec une esthéticienne ou une infirmière, il y a un risque de dérive. Un médecin pourrait montrer comment faire et d'autres professionnels pourraient essayer de l'imiter. C'est strictement interdit", souligne-t-elle.

Certains esthéticiens s'improviseraient chirurgiens. Parmi les centres contactés, un seul semble ne pas respecter la loi et affirme l'ignorer. "On a récemment appris qu'on ne pouvait pas le faire, alors on a arrêté", explique une gérante. Plus inquiétant encore, sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, des personnes proposent des "tutos" pour s'injecter elles-mêmes. Ce phénomène inquiète la Dr. Asma Knidiri. Après neuf ans d'études et une formation à Paris, elle a commencé à pratiquer la médecine esthétique dans un centre à Bruxelles. "Je reçois de plus en plus de demandes, mais beaucoup de gens se tournent vers des personnes sans aucune formation médicale. On a l'impression que c'est simple, mais en réalité, il y a des veines et des artères partout."

Il y a très peu de sanctions

Les risques sont pourtant graves: nécrose du nez, cécité, infections. Malgré cela, ces faux praticiens sont attirés par l'appât du gain. Une injection prend entre 15 et 30 minutes. Dans le centre où travaille Asma Knidiri, cela coûte 300 euros. Mais en ligne, on trouve des offres jusqu'à trois fois moins chères. Ces faux médecins utilisent des produits contrefaits ou de mauvaise qualité.

Pour ce spécialiste, ces offres promotionnelles posent un vrai problème de santé publique. "Il y a un cadre légal très clair, mais il y a très peu de sanctions. Les pratiques illégales prolifèrent, et c'est inquiétant. Il n'y a aucun contrôle systématique, seulement des enquêtes après plainte."

En 2024, le SPF Santé Publique a recensé huit cas de pratique illégale de la médecine. "C'est très peu par rapport à l'ampleur du phénomène. Il faudrait surveiller tous les réseaux sociaux, et ensuite prouver ces infractions."

Les moyens d'inspection pourraient être renforcés pour lutter contre cette tendance.

 

À la une

Les plus lus