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Espionnage chinois: le député fédéral Steven Creyelman démissionne de la présidence de la commission des Achats militaires

Steven Creyelman, a démissionné de la commission des Achats militaires, qu'il présidait, et de la commission de suivi des opérations militaires à l'étranger, a annoncé jeudi le Vlaams Belang. Soupçonné à la suite de son frère Frank d'avoir été sous l'influence d'un espion chinois, il a fini par renoncer à son mandat dans ces deux organes auxquels sont soumis des informations confidentielles touchant à la sécurité nationale.

Mardi, lorsque le dossier a été discuté au cours d'une conférence des présidents de la Chambre, le parti d'extrême droite avait refusé que son député s'efface malgré les révélations du week-end, qui visaient surtout son frère mais évoquaient également son rôle. De nouvelles informations parues dans "De Tijd", où la compromission du député est apparue avec plus d'évidence, ont incité le Vlaams Belang à le pousser vers la sortie.    

"Steven Creyelman a informé de manière incomplète et insuffisante le parti et son président sur les contacts avec son frère", a indiqué le Vlaams Belang dans un communiqué. À la Chambre, où le point a animé le début de la séance plénière, la cheffe de groupe, Barbara Pas, a parlé d'une "rupture de confiance".  

Depuis vendredi dernier, le parti d'extrême-droite est dans la tourmente. Non seulement les frères Creyelman sont mis en cause pour leurs liens avec un agent chinois mais Frank Creyelman s'était déjà distingué par le passé par des visites en Syrie ou en Russie à l'instar de l'une des anciennes figures de proue du parti, Filip Dewinter. L'Anversois aurait également eu des liens avec les services chinois. Et dans une interview accordée à l'agence de presse officielle Xinhua en 2018, il vantait les initiatives chinoises comme les nouvelles Routes de la Soie et les réformes menées par le régime.  

 

Devant la Chambre, la députée Marijke Dillen a pourtant insisté sur les prises de position très critiques de son parti à l'égard de la Chine, qui se sont notamment traduites dans le soutien à des propositions de résolution. L'argument n'a toutefois pas convaincu beaucoup de monde. Le Premier ministre, Alexander De Croo, s'en est pris une nouvelle fois au Vlaams Belang et à ses sympathies avec les leaders autoritaires, assurant que ce parti "ne servait ni les intérêts de la Belgique ni ceux des Flamands".  

Le 6 décembre, la Sûreté de l'État a informé le Premier ministre ainsi que les ministres de la Justice, Paul Van Tigchelt, et des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, des informations "fiables" dont elle disposait sur "des faits sérieux qui pouvaient mettre en danger la sécurité de notre pays", a expliqué jeudi M. De Croo. Les procédures ont été suivies, notamment une réunion du Conseil national de sécurité qui rassemble responsables politiques et dirigeants des services de renseignement et de sécurité. Dix jours plus tard, les fait concernant Frank Creyelman et, dans une moindre mesure, son frère étaient révélés.  

Les 11 et 12 janvier, le chef du gouvernement se rendra à Pékin pour rencontrer les autorités chinoises. Il abordera ce cas d'ingérence, a-t-il assuré aux députés. "Il est inadmissible que l'on manipule de la sorte notre système démocratique", a-t-il dit.  

Le ministre de la Justice souhaite que les articles du projet de nouveau Code pénal qui punissent l'ingérence en soient extraits pour être votés plus rapidement -le vote de l'ensemble de ce texte volumineux est attendu en principe en février. Ces dispositions complèteront l'arsenal déjà renforcé de la Sûreté de l'État dont les effectifs auront doublé à la fin de la législature.  

La Chambre a demandé mardi en urgence un rapport au service de renseignement civil après les révélations sur les frères Creyelman. Un point particulier a retenu l'attention de plusieurs députés jeudi. Selon le Vlaams Belang, la Sûreté de l'État aurait informé au début du mois Steven Creyelman d'une tentative d'influence le visant. Ils ont voulu savoir si la présidente de l'assemblée, Eliane Tillieux, avait également été mise au courant. L'intéressée s'est refusée à répondre, expliquant que le dossier continuerait à être examiné en commission de suivi du Comité R (organe de contrôle des services de renseignement), qui tient ses séances à huis-clos. Il est apparu durant une réunion de la conférence des présidents, organisée après les questions d'actualité, qu'elle n'avait pas été informée. Le groupe Ecolo-Groen a réclamé que des procédures soient mises en place afin de garantir l'intégrité de la Chambre soit protégée dès lors qu'elle était la cible d'une tentative d'ingérence.

 

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