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Lola fume depuis qu’elle a 14 ans. Voilà maintenant 7 ans qu’elle fume. « J’étais dans une école où il y avait beaucoup de gens qui fumaient, ça m’a donné envie de commencer, raconte-t-elle. Mon père et mon grand-père fument depuis toujours. J‘ai toujours grandi dans ce milieu-là. Et ça m’a donné vraiment l’envie de commencer à fumer pour avoir quelque chose à faire ». Ils sont 1 Wallon sur 6 de plus de 15 ans à être fumeurs réguliers. Un chiffre en baisse ces dernières années, mais une baisse pas encore assez importante pour parvenir à une génération sans tabac d’ici 2040, selon plusieurs scientifiques.
« Par exemple on interdit de fumer devant l’école, ce qui est très bien. Mais vous pouvez fumer à 10 mètres de l’école, c’est-à-dire quasiment rien. Vous reportez le problème de l’autre côté de la route ou du parc et ça ne le résout pas », regrette Vincent Lorant, professeur à l’institut de recherche santé et société de l’UCLouvain. « On doit avoir des mesures plus ambitieuses pour protéger la santé des enfants et des adolescents », ajoute-t-il.
Autre constat, si la cigarette classique est en baisse, le vapotage est largement pratiqué chez les jeunes. Plus de 6 % d’entre eux en font un usage quotidien. « On voit aujourd’hui que la cigarette électronique est fort consommée par les jeunes, analyse Nora Mellard, porte-parole de l’alliance pour une société sans tabac. Et les jeunes, ce ne sont pas des personnes qui fumaient avant et qui souhaitent arrêter de fumer. Ce sont des jeunes qui n’auraient potentiellement pas fumé grâce aux différentes politiques qui ont été mises en place. Et qui commencent maintenant à utiliser la cigarette électronique ».
Si les politiques de lutte antitabac contribuent à une réduction du tabagisme, selon cette étude, des inégalités sociales persistent. « C’est quand même paradoxal que dans une société riche ou démocratique comme la nôtre, on ait une telle disparité de tabagisme où les fumeurs sont plutôt des publics défavorisés, moins éduqués et donc plus à risque de problèmes de santé », observe Vincent Lorant.
Pour les scientifiques et associations, parvenir à une génération sans tabac d’ici 2040 est difficile mais toujours possible. En suivant des mesures recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé. Par exemple, une hausse significative des taxes ou encore une réduction des points de vente.
Le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke, a réagi à ces critiques. Il estime que ces cinq dernières années, il a déjà pris toute une série de mesures concrètes, comme par exemple l’interdiction des cigarettes jetables. Fumer en terrasse sera également interdit à partir de 2027. Et de conclure qu’il n’y a pas, selon lui, de futur pour l’industrie du tabac en Belgique.


















