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Dans une société, où le sujet reste tabou, il côtoie la mort au quotidien. « Fatalement, la mort fait partie de ma vie », confie un thanatopracteur. Il prépare les morts en vue de l’enterrement. « L’idée est vraiment de prendre soin. On est les dernières personnes à prendre soin du défunt », ajoute-t-il. Un travail solitaire et discret dont il a exceptionnellement accepté de nous montrer les coulisses.
Alain Koninckx est entrepreneur. Itinérant, il parcourt les routes de Belgique. Dans ses bagages, il y a un uniforme médical et du matériel étonnant. « Ici, c’est la valise d’injection. On y retrouve le matériel pour injecter le fluide d’embaument et les petits instruments, notamment les gants », montre le thanatopracteur.
Du matériel d’embaumement car le cœur de son métier est d’embaumer les personnes décédées pour ralentir la décomposition naturelle. « Ici, quand on ouvre la gaine mortuaire, cela permet de se faire une première représentation du corps, de voir les conditions. S’il y a déjà des signes de décomposition, s’il est déshydraté », explique Alain.
Si la vue d’un défunt peut nous sembler choquante, elle ne l’est pas pour le thanatopracteur qui est habitué, mais aussi concentré sur sa mission. « La plupart du temps, je ne connais pas l’histoire du défunt. Quand j’arrive, j’ai une personne inerte sur une table. Mon œil premier est un œil technique. Comment je vais agir ? Comment je vais traiter le corps ? Je regarde les conditions ».
Le mot « thanatopraxie » vient du grec ancien « thanatos » qui signifie la mort et « praxis » qui veut dire l’action, le mouvement. Il s’agit littéralement de stopper le mouvement de la mort. « Pour conserver un corps, la première chose à mettre, c’est l’agent conservateur. C’est un produit à base de formaldéhyde, de formol. On va nous-mêmes le diluer. Ce produit a une couleur rouge parce que cela va recoloriser la peau », explique Alain.
L’objectif, c’est la belle mort
Mélangé à de l’eau et des stabilisants, ce fluide est injecté dans les artères. Petit à petit, il vient remplacer le sang. C’est la partie principale du travail. Mais il faut aussi désinfecter l’extérieur du corps, coudre la bouche pour éviter qu’elle ne s’affaisse, hydrater le visage et les mains. « L’objectif, c’est la belle mort. C’est-à-dire que la personne semble dormir paisiblement dans le cercueil. Dans notre société, la mort acceptable, c’est partir tranquillement dans son sommeil. Notre objectif est de représenter la personne comme si elle dormait paisiblement ».
Une belle mort jusqu’au bout des ongles. Après la partie technique, le défunt est emmené dans la salle où il sera présenté à sa famille. C’est le moment d’ajouter les touches finales, le maquillage et la coiffure.
Une dizaine de thanatopracteurs en Wallonie et à Bruxelles
En Wallonie et à Bruxelles, ils ne sont qu’une dizaine à exercer ce métier étonnant. Pour Alain, c’est une véritable vocation. « Je voulais être prof de math. Puis, j’ai entendu parler de ce métier et je me suis dit que c’était pour moi. Cela a été une évidence. C’est un métier de savoir-faire qui repose en même temps sur des bases scientifiques. Dans cette idée-là, je me retrouvais très bien », confie le thanatopracteur.
Un ensemble de compétences pour, au final, permettre aux familles de démarrer leur deuil. Car si la mort est au cœur du processus, c’est bien aux vivants que s’adresse le travail du thanatopracteur.


















