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Ce n'est pas encore officiel, mais tout est là : Domenico Tedesco devrait devenir le prochain sélectionneur de l'équipe nationale belge. Un Italo-Allemand va venir entraîner les Diables Rouges, après une incroyable campagne de recrutement 8.0, digne des meilleures après-midi à la recherche d'une table d'occasion sur Marketplace.
Presque deux mois. C'est ce qui nous sépare de la fin de la Coupe du Monde. Deux mois déjà que la Belgique est sans entraîneur. Un bateau qui erre, sans son capitaine, sur une mer agitée après un Mondial aux allures d'iceberg dans Titanic. C'était déjà dur à encaisser, même si vous connaissez mon amour et mon respect éternel, parfois irrationnel, pour toute cetté génération. Mais alors que j'espérais secrètement qu'un dernier sursaut nous permettrait de trouver un coach de renom, capable d'imposer son savoir-faire et son aura à cette équipe belge, j'ai reçu un mail. Et un lien vers l'annonce LinkedIn de l'Union belge.
Un lien LinkedIn. Pour recruter un sélectionneur. Avec des critères démentiels, qui correspondent à certains des meilleurs coachs du monde. Comme si Jürgen Klopp ou Pep Guardiola allaient envoyer leur CV sur LinkedIn, entre deux matchs de Premier League, après avoir arpenté les annonces pour se trouver un petit challenge estival, comme ça, pour le fun.
Mais pourquoi pas ? Si c'était un coup de communication humoristique, il serait réussi, mais pour ce qui est d'une démarche officielle, il y a de quoi s'interroger. Je rigole, évidemment, mais si on regarde cela de manière réaliste, c'est un fameux signe. La Belgique ne peut pas aller chercher quelqu'un, quelqu'un doit venir à elle. C'est dur, mais c'est la réalité et ça, la fédération le paye tout autant que nous.
Et comme toute personne qui veut s'offrir un truc canon, croyant avoir les moyens comme s'il avait eu un gros coup de "Motherlode" (technique cette référence aux Sims, j'espère que vous l'aurez), la Belgique s'est heurtée à un mur. A défaut d'avoir le profil doré, on est allé chercher une imitation sur Marketplace. Entre 2 profils, un homme, un Messie se dessine. Domenico Tedesco, la référence, celui qui fait rêver les joueurs de Football Manager comme peut le faire Will Still, démontrant que tout est possible, qu'on peut passer de longues soirées à réfléchir, devant un écran, si un 4-3-3 est mieux qu'un 3-4-3 pour battre une équipe de D2 polonaise avec Birmingham, et devenir entraîneur dans la vraie vie. Avec un pantalon et pas seul assis sur sa chaise, mais cet effort en vaut la peine.
Domenico Tedesco, c'est l'outsider. Celui que tu hésitais à choisir dans la cour de récréation pour former ton équipe, mais qui, on l'espère, saura transformer le coup de poker, sous les tirades de l'adversaire, en surprise colossale. C'est notre futur roi des Datas, qui parlera en Anglais avec un accent allemand et une gestuelle italienne, face à des joueurs qui parlent français, anglais et néerlandais. C'est celui qui, à 37 ans, acceptera de coacher certains énormes joueurs avec le salaire d'un jardinier de Premier League. C'est un choix un peu par défaut, pour une fédération qui a des qualités, du talent et une belle équipe, mais qui n'a toujours pas l'argent. Et au fond, ce n'est pas grave, je serai toujours derrière eux.
C'est ça le pire: dans le fond, sur le profil, sur les ambitions, je ne peux pas reprocher grand-chose à la fédération. On pourrait parler de beaucoup de choses autour de cette fédé. Mais sur la réalité du terrain, sur l'impossibilité financière de recruter un grand nom sans devoir vendre le centre de Tubize, le Stade Roi Baudouin et la moitié du staff technique en échange, ils sont dans le juste. On voulait un coach, on en a un. Il va falloir lui laisser du temps, comme toujours. Ne pas le "tuer" avant de commencer. Et croiser les doigts pour que cette nouvelle approche du métier permette à la Belgique de grandir, avec une nouvelle génération entourée de certains cracks. L'optimiste que je suis y croira toujours, parce que parfois, c'est en changeant d'approche que naît quelque chose de spécial.
C'est la magie du foot: une fédération modeste, qui s'est trouvée une génération XXL au-dessus de ses moyens, qui perd son entraîneur et ne peut pas s'offrir une élite, faute de moyens. C'est le jeu, aussi dur et triste cela soit-il. Maintenant, place à Tedesco, et sincèrement, bonne chance à lui, face à des défis importants entre une génération vieillissante et une nouvelle ère séduisante qui se dessine.
Un solide challenge pour l'Italo-Allemand, qui saisit là une belle opportunité de démontrer que le métier d'entraîneur peut aussi évoluer. Rappelons que Roberto Martinez aussi faisait naître des doutes, avant d'offrir à la Belgique le meilleur résultat de son histoire en Coupe du Monde.