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Paul Delvaux est considéré comme l'un des artistes belges les plus influents du XXe siècle. Trente ans après sa mort, ses peintures continuent d'attirer l'attention des amateurs d'art. Entre l'exposition qui lui est actuellement consacrée à Liège et la foire d'art à Bruxelles, revenons sur ses œuvres et son histoire.
Célébré comme l'un des artistes belges les plus emblématiques, Paul Delvaux a marqué le XXe siècle avec ses tableaux mystérieux et envoûtants. Trente ans après sa disparition, son œuvre continue de fasciner. Souvent surnommé "le peintre des trains", il a marqué l’imaginaire collectif avec ses œuvres où les locomotives et les gares tiennent une place centrale.
Une passion née dès son plus jeune âge : à trois ans, il observait depuis le balcon familial les rails des tramways bruxellois et le frottement du rail sur les caténaires, un souvenir qui l’a profondément marqué. "Ce n'est pas une passion, c'est d'avoir toujours vu. Depuis que j'ai 3 ans je circule en train", expliquait Delvaux, nommé chef de gare honoraire en 1984 à l’âge de 87 ans, un honneur symbolique pour celui qui avait rêvé de devenir cheminot.
Les trains, pour Delvaux, incarnaient l’évasion et le mystère. Ses tableaux, souvent baignés dans la lumière douce du crépuscule, illustrent des gares désertes et des locomotives à vapeur, renforçant cette ambiance de mystère. Un moment où les maisons s’illuminent doucement, nourrit son imagination : "Il fantasmait sur ce qu’il se passait à l’intérieur de ces maisons. Cela se reflète dans ses tableaux où la lune, toujours présente, éclaire d’une lumière particulière", raconte Camille Brasseur, directrice de la fondation Delvaux.
Des femmes fascinantes et inaccessibles
Si les trains ont inspiré Delvaux, les femmes sont tout aussi centrales dans son œuvre. Dévêtues, contemplatives, souvent inaccessibles, elles peuplent ses tableaux avec un regard fixe, noir et énigmatique. Ces représentations trouvent leur origine dans la relation complexe qu’il entretenait avec sa mère, une figure autoritaire et possessive. "Elle voulait garder Paul, son fils aîné, près d’elle le plus longtemps possible", explique Camille Brasseur, ajoutant qu’elle l’avait convaincu que "les femmes pouvaient être dangereuses".
Cette influence maternelle semble avoir façonné la vision de Delvaux sur les femmes, mais aussi son art. Ce n’est qu’après la mort de sa mère qu’il a pu se marier avec son amour de jeunesse, accédant enfin à une certaine sérénité personnelle. Avec une carrière prolifique – près de 450 tableaux en 60 ans –, Paul Delvaux s’est toujours montré fidèle à lui-même, refusant les honneurs et les titres de noblesse qu’on lui proposait.
Aujourd’hui, trente ans après sa disparition, l’exposition à Liège et l’intérêt renouvelé pour ses œuvres montrent combien son univers singulier, mêlant rêverie ferroviaire et mystères féminins, continue de fasciner.