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De nombreux jeunes consomment aujourd’hui des boissons énergisantes. Des gérants de night shops nous le confirment, leurs principaux acheteurs seraient des adolescents à partir de 14 ans. Les restaurateurs, comme Fabrizio, commencent eux à se plier à la demande des élèves qui fréquentent son établissement. « C’est vraiment toute la journée, du matin à l’après-midi. Ça a remplacé le café et l’eau », nous confie ce gérant d’une sandwicherie à Bruxelles.
Pour avoir plus d’énergie
Ces boissons sont vues comme un substitut à l’alcool ou une façon d’avoir plus d’énergie pour le sport, l’école ou la vie en général. « La plupart du temps, ces boissons sont pleines de sucre, d’abord, puis il y a de la caféine et d’autres choses, comme de la taurine, de la guaranine. Ce sont des produits qui sont un peu, beaucoup même, stimulants. C’est pour ça d’ailleurs que les jeunes les recherchent. C’est pour l’aspect stimulant, donneur d’énergie, aussi de confiance en soi », explique le médecin addictologue Thomas Orban.
Dangers cardio-vasculaires et d’une consommation compulsive
Ces boissons énergisantes sont pourtant source de beaucoup de problèmes de santé, dont l’addiction. « Ce sont des molécules qui sont stimulantes au niveau cardiovasculaire. Ça peut donner de la tachycardie, une augmentation du rythme cardiaque. Ça peut donner des troubles du rythme cardiaque également, y compris chez les jeunes. Ça peut aussi donner, sur le plan de la santé mentale, de l’irritabilité, de la nervosité, voire même un peu d’agressivité. Ça peut donner un peu des aspects down à la fin de l’utilisation. Et puis une utilisation continue de ce type de produit avec du sucre et de la caféine peut avoir un côté qui amène à une consommation de type compulsive. On n’est pas dans une véritable addiction, quoi qu’on parle d’addiction au sucre quand même. Mais ça devient compulsif si ça devient très, très régulier », avertit le Dr Orban.
Les jeunes adolescents plus à risque
Et les jeunes adolescents sont plus à risque que leurs aînés, prévient-il. « Il y a plus de sensibilité aux aspects addictifs parce que leur cerveau est impulsif. En fait, chez le jeune, il n’est pas encore complètement terminé. Et entre autres, les zones de contrôle qui sont dans le cortex frontal ne sont pas complètement terminées. Donc l’impulsivité, c’est faire d’abord et réfléchir après… alors qu’en plus, on fait partie d’un groupe qui encourage à faire la même chose, qui donne un sentiment d’appartenance au groupe, on est plus vulnérable… »
On a les preuves aujourd’hui que ces produits augmentent le risque d’addiction
Enfin, l’association de ces boissons avec l’alcool favorise l’apparition d’une addiction à celui-ci. « Si on utilise des produits alcoolisés, on va moins ressentir l’ivresse en utilisant en même temps ce type de produit, ce qui peut augmenter très fort le risque d’addiction par ces phénomènes de binge drinking, de consommation excessive dans un laps de temps court associé à ce type de produit. »
L’addictologue est formel : « On a les preuves aujourd’hui que ces produits augmentent le risque d’addiction. Ça introduit déjà dans le fonctionnement (des adolescents) le fait qu’il y a besoin d’une substance externe pour se sentir soit bien, soit mieux, soit plus fort. Ça permet aussi de rentrer dans leur imaginaire qu’un produit permet de pallier un manque d’hygiène de vie. On sait qu’il y a beaucoup de jeunes qui ne dorment pas du tout assez. Et donc, ils vont utiliser ces stimulants remplis de caféine, entre autres, pour pouvoir tenir le coup, être quand même bien, ce qui est déjà une manière de fonctionner mentalement qui n’est pas tout à fait normale. »

















