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En deux mots :
- Marie Delhaye, pédopsychiatre, alerte sur l'augmentation des cas d'anorexie chez les jeunes.
- L'anorexie se manifeste par une perte de poids excessive et un repli sur soi.
- Les réseaux sociaux et l'hyperactivité physique aggravent le trouble alimentaire.
- Un réseau de soins pluridisciplinaire est essentiel pour une prise en charge efficace.
L’anorexie mentale est un trouble encore trop souvent sous-estimé. Pour cela, Marie Delhaye, pédopsychiatre et cheffe du service des troubles des conduites alimentaires à la clinique La Ramée, tire la sonnette d’alarme sur le plateau du RTL info 13h de ce mercredi 4 juin. Et pour cause : 13 % de la population belge serait concernée par ce phénomène.
Certains signes peuvent pourtant alerter les parents avant l’hospitalisation.
Une perte de poids, mais pas seulement
La frontière entre un simple régime et l’anorexie peut parfois être floue, ce qui complique la possibilité de détecter un profond trouble du comportement alimentaire. « Une différence avec un simple régime, c’est qu’il y a une perte de poids excessive, l’adolescent va se replier sur lui-même, va vraiment couper tout moment de repas convivial », explique la spécialiste.
Un autre signal fort concerne la perception du corps qu’a l’adolescent malade : « Il se verra toujours trop gros alors que parfois ils ont des BMI de 13, 14 », alerte Marie Delhaye. Ce trouble de l’image corporelle est au cœur de la maladie. À cela s’ajoute un désintérêt général : « Il y a un désinvestissement de tout. »
Une maladie qui touche de plus en plus tôt
L’anorexie mentale ne concerne pas que les adolescents plus âgés. Aujourd’hui, elle peut apparaître très tôt. « On perçoit maintenant plus régulièrement des enfants de l’âge de 10 ans qui sont touchés », indique la pédopsychiatre.
À cet âge, le danger est encore plus grand, selon la pédopsychiatre : « L’évolution sera plus compliquée parce qu’ils n’ont pas encore toutes les capacités cognitives pour vraiment réaliser ce qui se passe », sans oublier « une cassure de la courbe de croissance ».
Harcèlement, réseaux sociaux et sport à outrance
Les causes de l’anorexie sont multiples. Il n’existe pas un seul facteur déclencheur, mais un ensemble de contextes qui peuvent y mener. « On a des contextes parfois scolaires de harcèlement par rapport à un léger surplus pondéral », détaille Marie Delhaye.
Les réseaux sociaux peuvent aussi jouer un rôle particulièrement néfaste voire « abominable » : « La skinny talk a vraiment fait des ravages complets, on a vu notre population augmenter à la Clinique de la Ramée, on avait des appels incessants. »
Un autre phénomène prend de l’ampleur : « L’hyperactivité physique… Les jeunes vont faire du sport, du sport, du sport de manière intense, et vont perdre de plus en plus de poids. »
Une prise en charge spécialisée et urgente
Face à l’augmentation des cas, les structures de soin s’organisent. « On a de plus en plus de demandes d’hospitalisation pour troubles alimentaires », affirme Marie Delhaye.
Pour faire face, un réseau de soins est en cours de mise en place, « de la première à la troisième ligne », afin de désengorger les cliniques spécialisées et assurer une prise en charge rapide.
Le traitement repose sur une approche pluridisciplinaire : « Le secret d’une bonne prise en charge, c’est d’avoir un suivi pédopsychiatrique, diététique, psychologique et évidemment somatique. »
Parents : quels signaux doivent vous alerter ?
Les parents ont un rôle essentiel à jouer. Le premier réflexe : le dialogue. « Il faut vraiment pouvoir dialoguer avec l’ado qui va avoir tendance à s’isoler, à se replier dans sa chambre. »
Observez les habitudes alimentaires : « Souvent, il va y avoir une restriction de toutes les protéines, tous les féculents pour ne garder que les légumes. »
En cas de doute, un seul conseil : « Il faut consulter le médecin de famille le plus vite possible. »


















