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« La Vie-Là », une maison de soutien pour les patients atteints d’un cancer, permet à tous de « recharger les batteries »

Par RTL info avec Sébastien Rosenfeld et Thomas Kinet
Il y a 12 ans, Marie-Paule, atteinte d’un cancer du sein, et sa médecin décident de créer une structure inédite en Belgique : une maison de soutien pour les personnes atteintes d’un cancer. Les équipes RTL suivent ce projet depuis sa création. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce type de maison est-il devenu une référence et pourquoi ?

« La Vie Là » est en réalité une maison blanche, non loin de la clinique Saint-Pierre d’Ottignies. Depuis plus d’une décennie, elle est un refuge pour soutenir les patients traités pour un cancer. Marie-Paule s’y rend chaque jour ou presque. Comme souvent, tout se passe autour d’un café ou d’un thé entre deux soins. Marie-Paule écoute et partage son vécu.

Avant ça, elle a eu une riche carrière auprès des décideurs politiques, soudain brisée par un cancer du sein à 58 ans. La cofondatrice de la maison de soutien « La Vie Là » raconte son envie de ne pas lâcher : « J’ai encore travaillé six ans après mon cancer, et j’y tenais. Je ne voulais pas qu’on me foute à la porte et que ce soit la maladie qui décide de la fin. »

Confiance, soins et partage

Elle trouve toujours les mots justes pour instaurer un climat de confiance. Solenne, patiente atteinte d’un cancer témoigne de sa première rencontre : « La première fois que j’ai vu Marie-Paule, ça m’a tout de suite rassurée de voir qu’elle était là, qu’elle avait vécu la même chose et que donc elle comprenait, et puis qu’il y a une vie après. »

Marie-Paule insiste : « Il y a le moment d’avant et le moment d’après, et ça, on ne peut le comprendre à fond que quand on est passé par là. » Solenne vient régulièrement entre deux traitements médicaux, souvent épuisants : « On n’est pas obligé de parler, on peut parler si on a envie et puis on prend soin de nous et ça fait du bien de recharger les batteries. »

Il y a 77.000 diagnostics par an en Belgique
Marie-Paule Meert, Cofondatrice de la maison de soutien « La Vie Là »

Selon Marie-Paule, « Il y a 77.000 diagnostics par an en Belgique. C’est donc 77.000 personnes qui ont chacune leur propre vécu, leur vie, leur histoire, leurs douleurs, leur confiance ou leur désespoir. Il n’y a pas encore partout des maisons comme ceci, mais il y en a de plus en plus. »

Tout est parti d’un duo, d’une médecin Anne Pascale et de sa patiente, Marie-Paule. Ensemble, elles réalisent qu’il manque un lieu de soutien en dehors de l’hôpital. En septembre 2013, elles trouvent cette maison à louer et mettent en place des activités avec des bénévoles. Nos équipes RTL suivent ce parcours étape par étape.

Un projet parti de rien

Marie-Paule raconte : « Le docteur a eu l’audace de dire on loue, on verra bien. On n’avait ni mode d’emploi, ni équipe et encore moins de sous. On s’est immédiatement dit qu’on n’allait pas faire un traitement standard ou quelque chose d’académique, mais plutôt écouter les besoins des patients. »

Dans ce cadre bienveillant, ces derniers se reconstruisent psychologiquement et physiquement, grâce notamment à une lampe qui facilite la repousse des cheveux. Une patiente témoigne : « Franchement c’est un endroit où l’on se sent bien et où on trouve une autre écoute. » « Si on a réussi à faire ça, c’est qu’on a réussi notre mission alors », rebondi tout de suite Marie-Paule, le sourire aux lèvres.

À l’accueil, le téléphone n’arrête pas. Les patients sont toujours les bienvenus pour des thérapies manuelles, des soins esthétiques ou des massages, car chimiothérapie et radiothérapies épuisent et abîment les corps.

Nathalie, masseuse, et Gaëlle, patiente, tissent un lien de confiance, un dialogue à travers les mains. Après 50 minutes de massage, l’effet est immédiat : « C’était un pur bonheur », confie la patiente. « Pouvoir se faire toucher quand on a été malade, c’est se sentir vivre finalement. Les traitements abîment beaucoup, et tout : la peau, le corps, le mental », explique Nathalie.

Survivre financièrement

Il existe aujourd’hui 12 autres maisons comme celle-ci en Wallonie. Mais la survie financière reste toujours un défi pour Marie-Paule : « C’est dur de devoir chaque fois aller tendre la main, mais on est prêt à le faire avec conviction parce que c’est ce qui nous permet de vivre et de grandir. »

« Ce sont des centaines de personnes qui sont passées ici en 12 ans », témoigne la cofondatrice du projet, « Je crois que je me souviendrais toujours de chacun d’eux. Mais je regarde surtout vers l’avenir parce qu’il y a encore plein de gens qui n’ont pas encore un point de chute comme celui-ci, donc ça, c’est l’étape suivante : pérenniser le projet et lui donner un fondement scientifique tout en gardant notre humanité. »

Le coquelicot est le symbole de la fondation « La Vie Là », une fleur qui annonce les beaux jours, mais qui meurt brutalement si on n’en prend pas soin. Marie-Paule est la gardienne de cette maison qui rêve d’avenir pour soigner et cultiver notre humanité.

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